TV : « Drive », plaisir et violence à toute berzingue
TV : « Drive », plaisir et violence à toute berzingue
Par Thomas Sotinel
A voir aussi ce soir. Un jeune homme solitaire et mutique se dirige, par amour, tout droit vers l’enfer (sur Ciné+ Premier à 20 h 45).
Drive (2011) - The Quadrant System
Durée : 03:34
Trente-trois ans après Ryan O’Neal dans Driver, de Walter Hill, Ryan Gosling prend le volant pour le compte du Danois Nicolas Winding Refn. Le film a perdu une lettre à son titre, et gagné en violence et en stylisation. Ryan Gosling, juvénile, impassible, incarne donc le chauffeur. A Los Angeles, il exécute des cascades pour le cinéma, travaille dans un garage et accepte parfois d’aider les malfrats à quitter rapidement leur lieu de travail. On ne sait rien de lui, au point que, lors de la traditionnelle scène d’explication, pendant laquelle un personnage secondaire (ici, le patron du garage) déroule la biographie du héros mystérieux, le narrateur ne peut rien dire de lui.
Nicolas Winding Refn aime ces jeux avec les conventions. On le sent grisé par le décor du centre de Los Angeles. Mais il ne laisse jamais ces vertiges référentiels entraver la nécessité du mouvement. Les premières séquences sont prises sur un rythme assez lent. Après une ouverture en forme de braquage, Drive suit son héros dans ses travaux quotidiens. Dans une pizzeria, on fait la connaissance de deux malfrats sexagénaires (Albert Brooks et Ron Perlman). Dans le couloir qui mène à son appartement, le chauffeur croise aussi sa jolie voisine (Carey Mulligan), qui attend, avec son fils, que le père de ce dernier sorte de prison.
Ryan Gosling dans « Drive », de Nicolas Winding Refn. / WILD SIDE/RICHARD FOREMAN JR
L’intérêt trop humain que l’homme à quatre roues porte à la jeune fille le conduira bien sûr à sa perte. Le chemin qui y mène devient de plus en plus accidenté. La moitié du film passée, Ryan Gosling, qui semblait un gendre idéal, révèle des talents que la société réprouve. Le chauffeur est aussi brutal avec ses semblables qu’il est subtil avec les voitures.
Nicolas Winding Refn est fasciné par la violence, par les mille manières que les hommes ont de détruire le corps de leur prochain. A la pureté des trajectoires des bolides, il oppose les affrontements sanglants et crasseux à l’arme blanche ou à mains nues. Au fur et à mesure que son propriétaire se rapproche de l’enfer, le blouson blanc du chauffeur se couvre de couleurs inquiétantes qui sont la marque de tous ses péchés. La mise en scène parie sur le plaisir – certes un peu coupable – que l’on éprouve à les voir commis.
Drive, de Nicolas Winding Refn. Avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Albert Brooks (EU, 2011, 90 min).