TV : « Guerre fantôme: la vente d’Alstom à General Electric »
TV : « Guerre fantôme: la vente d’Alstom à General Electric »
Par Joël Morio
Notre choix du soir. Une enquête palpitante sur les circonstances dans lesquelles les activités énergétiques d’un fleuron industriel français sont passées sous pavillon américain (sur LCP à 20 h 30).
Bande-annonce - Guerre fantôme : la vente d'Alstom à General Electric
Durée : 01:20
Lorsque, le 24 avril 2014, une dépêche de l’agence Bloomberg annonce la vente des activités d’Alstom dans l’énergie à General Electric (GE), la surprise est totale. « Qu’est-ce que c’est ce bordel ? », lance au téléphone Arnaud Montebourg, alors ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique, à l’un de ses conseillers lorsqu’il apprend la nouvelle, au saut du lit.
David Gendreau et Alexandre Leraître ont enquêté sur le passage sous pavillon américain de trois quarts de l’activité du fleuron industriel français. A la manière d’un polar, ils ponctuent le film de séquences dessinées en noir et blanc et plongent les téléspectateurs dans les coulisses de cette histoire digne d’un roman d’espionnage.
Discussions secrètes
C’est en effet dans un contexte très particulier que s’effectue cette cession. Depuis plusieurs mois, les dirigeants de ce groupe, qui a équipé jadis les systèmes de propulsion du luxueux paquebot Normandie, a été impliqué dans le programme de construction de centrales thermonucléaires ou participé à la révolution TGV, affirment que l’entreprise n’est pas à vendre. Pourtant, ils mènent des discussions secrètes avec General Electric.
Pis, ces négociations se déroulent alors qu’Alstom est l’objet d’une enquête menée par la justice américaine pour des soupçons de corruption lors de la signature de contrats passés à l’étranger. Un cadre d’Alstom croupit même dans une prison outre-Atlantique, car la société refuse de coopérer avec les juges américains.
L’enquête minutieuse menée par les deux journalistes renforce la thèse selon laquelle c’est parce qu’elle se savait menacée par une lourde sanction financière qu’Alstom a accepté l’offre de General Electric. Pourtant, cette cession remettait en cause l’indépendance énergétique et militaire de la France. Pendant deux mois, Arnaud Montebourg va batailler pour, sinon empêcher cette vente, au moins la faire dans des conditions plus favorables aux Français.
Bande-annonce n°2 - Guerre fantôme : la vente d'Alstom à General Electric
Durée : 01:12
En juin 2014, un accord est signé entre Alstom et General Electric. Les apparences sont sauves. GE et Alstom ont créé des coentreprises dans les différentes activités liées à l’énergie où les deux groupes sont à parts égales. Cependant, quelques mois plus tard, il devient évident que General Electric a bel et bien pris le pouvoir chez Alstom.
David Gendreau et Alexandre Leraître sont allés interroger quelques spécialistes et protagonistes de l’affaire pour tenter d’expliquer dans quelles conditions cette vente s’est effectuée.
L’Etat français avait-il les moyens de s’opposer à la prise de contrôle par GE des activités énergétiques d’Alstom ? Si oui, pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Sans donner de réponses définitives à ces questions, l’enquête revient clairement sur les circonstances dans lesquelles une entreprise américaine a une nouvelle fois réussi à prendre le contrôle d’un groupe français, même si, théoriquement, le gouvernement français a encore, durant quelques semaines, une option pour acquérir les 20 % des activités énergétiques d’Alstom que GE ne possède pas.
Le documentaire sera suivi d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien, qui recevra Bertille Bayart, journaliste, David Gendreau, le coréalisateur du film, et les députés Laure de la Raudière (députée Les Constructifs d’Eure-et-Loir) et Gilles Le Gendre (député LRM de Paris).
Guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric, de David Gendreau et Alexandre Leraître (Fr., 2017, 52 min).