Benoît Magimel est terrifiant : ventripotent, fagoté comme l’as de pique, il pourrait être un représentant de commerce qui présente mal, un employé de l’administration fiscale imperméable aux séminaires de relations avec le public. Oui, mais voilà : il est tueur à gages. Pour le compte d’un politicien véreux, il produit des cadavres avant de les faire disparaître. Il accomplit cette tâche avec une efficacité que seule une ombre d’ennui sur son visage vient altérer. Bref, Vincent, l’homme à tout faire, est une créature mémorable.

Hélas, il n’occupe qu’un petit espace du paysage noir et gris que peint Gela Babluani dans Money. Le réalisateur géorgien de Tzameti s’essaie au thriller politique, avec un déconcertant mépris pour la cohérence, pour ne rien dire de la vraisemblance. Secrétaire d’Etat au maintien de l’ordre, le politicien véreux (Louis-Do de Lencquesaing) réside néanmoins au Havre (imaginez le trajet quotidien jusqu’à la place Beauveau), où il est engagé dans une opération financière délicate avec des narcotrafiquants, ce qui l’amène à stocker chez lui quelques centaines de milliers d’euros en liquide.

Décors postindustriels

Ayant eu vent de cette information, un trio de jeunes gens entreprenants décide de le soulager du magot. La présence dans leurs rangs d’un personnage incarné par Vincent Rottiers suffit à prévenir le spectateur familier du jeune acteur que tout ceci se terminera très mal (reprenez la filmographie de Rottiers si vous ne me croyez pas, son espérance de vie est généralement faible). Avant d’arriver à cette triste conclusion, Gela Babluani aura prouvé que l’on peut être invraisemblable et prévisible. Ses affinités avec les décors postindustriels du Havre ne suffisent pas tout à fait à dissimuler ces faiblesses. Sauf quand Magimel est à l’écran.

MONEY - BANDE ANNONCE OFFICIELLE
Durée : 01:52

Film français de Gela Babluani. Avec Vincent Rottiers, George Babluani, Charlotte Van Beversselès, Louis-Do de Lencquesaing, Benoît Magimel (1 h 30). Sur le Web : www.ocean-films.com/film/money