Stabilité pour le budget de la culture, « préservé et conforté »
Stabilité pour le budget de la culture, « préservé et conforté »
Par Sandrine Blanchard
Le ministère n’est pas touché par les efforts demandés, la somme allouée pour 2018 se révélant équivalente à celle de 2017.
La ministre de la culture Françoise Nyssen à La Rochelle, le 26 juin 2017. / XAVIER LEOTY/AFP
Comme sa prédecesseure Audrey Azoulay qui annonçait, en septembre 2017, un « chiffre historique » de 10 milliards d’euros consacrés à la culture, Françoise Nyssen, la nouvelle locataire de la rue de Valois, peut, un an plus tard, afficher le même montant pour son budget 2018 et employer le même terme qui claque : « Historique ». Le ministère précise que ce chiffre correspond à « l’effort de l’Etat en faveur de la culture ». Car, comme souvent, le diable est dans les détails. Ce chiffre englobe, en réalité, aussi bien les crédits d’impôts (1,6 milliard d’euros), pour le cinéma par exemple, que les taxes prélevées sur la billetterie des spectacles (93 millions). Si l’on exclut l’audiovisuel public (3,9 milliards d’euros, en baisse de 0,9 %), les crédits alloués à la culture atteignent 3,6 milliards (+ 0,7 %), soit une quasi-stabilité par rapport à l’année précédente.
Dans un contexte de réduction des dépenses publiques, le ministère de la culture fait néanmoins partie des « gagnants » du projet de loi de finances 2018. « Notre budget est préservé et conforté », se félicite-t-on rue de Valois, en assurant qu’il s’agit d’« un budget de transformation ». L’utilisation de ces crédits sera calquée sur la feuille de route qu’Edouard Philippe vient de fixer au ministère de la culture. Dans un « souci de transparence », Françoise Nyssen a d’ailleurs rendu publique, mercredi 27 septembre, la lettre de mission qu’elle a reçue de Matignon.
Une expérimentation pour le « Pass culture »
Au premier rang des six objectifs de la nouvelle politique culturelle s’affiche la promesse de campagne d’Emmanuel Macron d’« offrir à 100 % des enfants l’accès à l’éducation artistique et culturelle ». Pour permettre de multiplier les interventions d’artistes et de conteurs en milieu scolaire, de développer les coopérations entre les conservatoires, les associations de pratiques culturelles et les écoles, le budget de l’éducation artistique et culturelle est porté à 114 millions (en hausse de 35 millions). Sur ces 35 millions, cinq seront dédiés au « Pass culture » pour les jeunes de 18 ans afin de « mener des études techniques préalables » à son lancement. « L’offre culturelle de ce Pass reste à construire », reconnaît la rue de Valois. Une première expérimentation devrait néanmoins être lancée courant 2018. Quant au projet d’étendre les horaires d’ouverture des bibliothèques pour les adapter aux jeunes et aux rythmes de travail, il ne dispose, pour l’instant, d’aucun budget spécifique. « Deux inspections ont été lancées pour évaluer les besoins », précise-t-on au ministère.
Parce que « l’enjeu de la culture ne se joue pas qu’à Paris » – l’Arlésienne Françoise Nyssen est bien placée pour le savoir –, le deuxième objectif vise à favoriser, par la vie culturelle, « la cohésion sociale et le dynamisme des territoires ». En hausse de 6 %, les crédits déconcentrés atteignent 860 millions pour 2018. Cette « revitalisation » des territoires passera également par un plan pluriannuel en faveur du patrimoine. Hors grands projets, 326 millions (en hausse de 5 %) seront affectés à la restauration des monuments historiques et un fonds de 15 millions sera créé pour aider les collectivités « à faibles ressources » à rénover leur patrimoine.
La création artistique – autre « grand » objectif – affiche également un budget conforté de 783 millions (+ 0,8 %). Et 6 millions seront réservés aux artistes « proposant des projets innovants dans des territoires isolés ». Le Centre national du cinéma (CNC) disposera, quant à lui, de 724 millions (+ 2,4 %). Enfin, au nom d’une « politique culturelle innovante dans ces modes d’action », le ministère de la culture promet, notamment, de simplifier l’attribution de la licence d’entrepreneur du spectacle. La rue de Valois entend également rationaliser ses implantations immobilières en passant de sept à trois sites.
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