Jamestown, la capitale de Sainte-Hélène, est une ville fortifiée entre deux pans montagneux. Avant la construction de l’aéroport, on ne pouvait s’y rendre qu’en bateau. / François Perri/REA

Au navire transportant Napoléon, il a fallu dix semaines, en 1815, pour atteindre Sainte-Hélène, le lieu de son exil, un confetti de territoire britannique perdu dans l’océan Atlantique. Il faut désormais compter six heures d’avion, depuis Johannesburg, pour rejoindre l’île où l’empereur corse a fini ses jours.

Samedi 14 octobre, après moult reports, la compagnie aérienne Airlink doit inaugurer une liaison hebdomadaire entre l’Afrique du Sud et Sainte-Hélène, l’une des îles les plus difficiles d’accès au monde. Seul un bateau, le RMS St Helena, assurait jusque-là une liaison régulière. La traversée est une épopée : il faut compter cinq jours de mer, et trois semaines au minimum pour faire l’aller-retour depuis la ville sud-africaine du Cap.

Des conditions météorologiques dangereuses

L’ouverture de la ligne aérienne marque la fin d’une saga qui a fait couler beaucoup d’encre dans la presse britannique. Souvent désigné comme « le plus inutile au monde », l’aéroport de Sainte-Hélène a été achevé en 2016, pour un coût de 320 millions d’euros, pris en charge par le contribuable britannique. Mais, un mois avant l’inauguration, des vols tests ont révélé des conditions météorologiques dangereuses en phase d’approche, marquées par des vents imprévisibles et violents.

Depuis, l’aéroport n’a servi qu’aux évacuations médicales et à quelques vols privés. Conçues pour accueillir des Boeing 737, les installations flambant neuves devront donc se contenter des Embraer d’Airlink. Et encore : dans un premier temps, la compagnie sud-africaine n’embarquera que 76 passagers à la fois, sur les 99 places disponibles dans l’appareil, afin de l’alléger et d’éviter les portions de la piste d’atterrissage les plus exposées aux vents. Phobiques des descentes mouvementées, s’abstenir.

Devenir moins dépendant du Royaume-Uni

C’est néanmoins une révolution qui s’annonce pour cette île volcanique, voire une bouffée d’air pour ses 4 500 habitants, alors que les délais ont plongé l’industrie touristique locale dans la tourmente. A terme, le gouvernement local projette un décuplement du nombre de visiteurs et espère, grâce à une économie florissante stimulée par le tourisme, devenir moins dépendant du Royaume-Uni.

Bien au-delà d’un lieu de pèlerinage pour bonapartistes, Sainte-Hélène offre plusieurs atouts. Jamestown, la capitale, qui de prime abord se résume à une rue coincée entre deux montagnes, présente une architecture géorgienne et des maisons colorées. L’arrière-pays dispose d’une végétation tropicale et verdoyante, des paysages époustouflants et d’une biodiversité qui raviront les amateurs de randonnées. Et, bien sûr, il est possible de visiter le domaine de Longwood, où Napoléon est mort en 1821, ainsi que la clairière où sa sépulture a reposé avant d’être transférée aux Invalides, en 1840.

Depuis Johannesburg, le prix des billets débute à 900 euros, le même tarif qu’en bateau. Les nostalgiques de la mer ont jusqu’au 16 février 2018 pour embarquer sur le RMS St Helena, qui assurera alors son ultime traversée, après vingt-sept ans de service.