Sexe, pouvoir et silence complice
Sexe, pouvoir et silence complice
Par Alain Beuve-Méry
Par son témoignage, l’actrice Florence Darel explicite les enjeux de pouvoirs et les enjeux sexuels au centre des abus commis par le Mogul américain Harvey Weinstein, explique dans sa chronique télévisuelle, le journaliste Alain Beuve-Méry.
Capture d’écran de l’émission « Quotidien » du jeudi 12 octobre sur TMC présentée par Yann Barthès qui recevait l’actrice Florence Darel. / TMC
Replay. Comme Léa Seydoux, Emma de Caunes ou Judith Godrèche, Florence Darel a eu à repousser les avances du producteur Harvey Weinstein, passé en quelques jours du statut de roi d’Hollywood, faisant et défaisant les carrières des actrices, à celui de prédateur sexuel et de paria. Il s’agit d’un des plus gros scandales sexuels que cette « usine à rêves » ait jamais connu et les télévisions du monde entier sont sur la brèche.
Florence Darel a décidé à son tour de briser l’omerta, cette loi du silence imposée par le milieu du cinéma. Le témoignage qu’elle a donné, entre autres, à Yann Barthes dans « Quotidien » hier soir, est d’autant plus précieux, qu’il remonte à 1994, au début de la carrière d’Harvey Weinstein. Or avec plus de vingt ans de recul, il est facile de constater que la trajectoire de celle qui a refusé de devenir la maîtresse du tout puissant et graveleux producteur n’a pas connu, loin s’en faut, la même ascension foudroyante. Faut-il y voir un lien de cause à effet ?
Un rite de passage obligé
Face au présentateur de « Quotidien », l’actrice formule les deux questions que nous nous posons. « Pourquoi l’a-t-on laissé agir en toute impunité pendant plus de vingt ans et pourquoi maintenant c’est la curée ? Faut-il qu’un prédateur sexuel tombe de son piédestal, pour que l’omerta soit rompue ? » La réponse est oui, dans les deux cas.
Pourtant, Florence Darel ne s’est jamais tue, et cela explique la colère qui monte dans sa voix sur le plateau de Yann Barthes. À l’époque, elle a parlé à son agent, à ses proches. Mais cela rien n’a rien provoqué. Pire le « deal » – cette transaction commerciale qui se résume à coucher pour réussir – semblait normal, voire constituait un rite de passage obligé.
Ce qui ressort du témoignage de toutes les actrices qui ont accepté de parler depuis une semaine, c’est que tout le monde savait, mais regardait ailleurs, car que vaut la parole d’une jeune femme, face à un homme qui pèse 150 millions de dollars ?
Alors oui, c’est bien parce que depuis trois ans sa société ne rapporte plus autant de statuettes et les succès ne sont plus au rendez-vous, que le scandale a éclaté et qu’Harvey Weinstein a été débarqué. Mais il n’est pas non plus exclu que d’autres prises de conscience émergent de ce scandale.