Jeux vidéo : « PlayerUnknown’s Battlegrounds », un phénomène très asiatique
Jeux vidéo : « PlayerUnknown’s Battlegrounds », un phénomène très asiatique
Par Pierre Breteau, William Audureau
Le jeu de survie a franchi début octobre la barre symbolique des 2 millions d’utilisateurs simultanés sur Steam. Un succès dû à sa popularité en Chine et en Corée du Sud.
Capture d’écran d’une partie diffusée sur Twitch le 13 octobre par xargon0731, un joueur chinois, devant plus de 6 000 spectateurs en direct. / xargon0731/Capture d'écran
Cela fait longtemps qu’on ne compte plus les superlatifs pour PlayerUnknown’s Battlegrounds, dit PUBG, le jeu de survie à grande échelle lancé au printemps par le game designer irlandais Brendan Greene et le studio coréen BlueHole. Après avoir temporairement délogé League of Legends de la tête des jeux les plus suivis sur Twitch, et effacé des ardoises le record de connexions simultanées de Dota 2 sur la plate-forme Steam, ce jeu de tir multijoueur vient de franchir, lundi 9 octobre, la barre symbolique des 2 millions de joueurs simultanés sur Steam.
Ce succès colossal, révèle l’étude des estimations chiffrées du site Steam Spy, cache un second phénomène : l’arrivée massive des joueurs asiatiques sur Steam. Alors qu’en octobre 2015, les joueurs chinois ne représentaient que le sixième plus gros contingent d’utilisateurs, avec 3,57 % du total, deux ans plus tard, ils en sont désormais les consommateurs principaux, avec 16,12 % de l’ensemble des utilisateurs du service sur les deux dernières semaines. La Corée du Sud est de son côté entrée cette année dans le top 10 (2,39 % du total).
Il s’agit par ailleurs des deux nations les plus assidues sur Steam : respectivement 56 et 49 % des inscrits ont été actifs ces deux dernières semaines, contre une moyenne de 30 à 35 % pour les autres pays majeurs. Le détail n’est pas anodin : Chine et Corée du Sud sont justement les deux marchés où PUBG est le plus pratiqué. Pas moins de 66 % des joueurs du Steam chinois s’y sont connectés lors de la dernière quinzaine, et 66 % des utilisateurs coréens, le plaçant très loin devant le second jeu le plus populaire, respectivement Counter Strike : Global Offensive (17,74 %) et Grand Theft Auto V (6,93 %).
En tout, si l’on se fie aux chiffres de Steamspy – son auteur Sergey Galyonkin reconnaît une marge d’erreur –, sur les 12 millions de joueurs qui ont joué au moins une fois à PUBG sur les deux dernières semaines, plus de 8 millions sont chinois. Il s’agit de très loin du premier contingent de joueurs – même s’il ne s’agit pas du jeu le plus joué en Chine, Honor of Kings (Arena of Valor chez nous) étant capable de réunir 55 millions d’utilisateurs quotidiens.
L’explosion récente de Steam en Chine, associée à la réception positive du jeu et au réservoir démographique sans commune mesure de joueurs a ainsi permis à PUBG de battre de nombreux records et de s’attirer une couverture médiatique exceptionnelle – quitte à occulter que dans de nombreux pays occidentaux, dont la France, il n’est pas le titre le plus pratiqué sur ordinateurs. L’honneur revient, comme dans de nombreux pays d’Europe, au jeu de tir Counter-Strike Global Offensive, tandis que le jeu de stratégie par équipes Dota 2 domine en Russie et en Asie du Sud-Est.
L’analyse du rôle moteur de l’empire du Milieu dans le succès de PUBG explique sans doute pourquoi Brendan Greene estime que le géant d’Internet chinois, Tencent, « peut être un partenaire très important pour [les développeurs du jeu] ». Selon Bloomberg, Tencent, qui possède déjà League of Legends et le jeu mobile le plus joué au monde, Arena of Valor, chercherait à acquérir également les droits de PUBG.