Le tir à l’arc à l’épreuve de la mixité
Le tir à l’arc à l’épreuve de la mixité
Par Lætitia Béraud
Depuis 2011, les championnats du monde mettent en place une épreuve mixte, qui sera également instaurée aux Jeux olympiques à partir de 2020 à Tokyo.
Audrey Adiceom et Mathieu Jimenez lors de la finale de double mixte aux Jeux mondiaux universitaires de Taipei, en 2017. / Laetitia Béraud pour Le Monde
Un nouveau record personnel à 670 points (sur un maximum de 720) et une victoire sur la plupart de ses adversaires masculins. L’archère Audrey Adiceom, 22 ans, a frappé un grand coup en décrochant ainsi, à la fin du mois de septembre, son billet pour ses premiers championnats du monde de tir à l’arc senior.
Cette année, le tournoi se déroule du dimanche 15 au 22 octobre, au Mexique. Ce sont les premiers championnats du monde depuis l’annonce du Comité international olympique (CIO), au mois de juin.
Cet été, le CIO annonçait la création d’une épreuve mixte par équipe au programme des Jeux olympiques dès ceux de 2020 à Tokyo, reprenant une idée qui existe déjà depuis 2011 aux championnats du monde. Jusqu’ici la compétition olympique, qui autorise seulement les arcs classiques, a toujours été cloisonnée en catégorie homme et femme, même en équipe.
Hommes et femmes tirent de la même distance : 70 mètres. Environ trois fois la longueur d’un terrain de tennis. « En tir à l’arc, la technique et le physique sont importants, mais le mental, c’est vraiment ce qui fait la différence », analyse Audrey Adiceom. Nicolas Rifaut, entraîneur de l’équipe de France junior à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), l’a bien remarqué : « En double mixte, ce n’est pas rare de voir les filles tenir la baraque ».
« Tout le monde est à égalité »
A la rentrée, lors du stage de préparation, les archers français se sont entraînés seuls mais aussi en binômes mixtes. Dans ce sport très individuel, le tir par équipe devient plus stratégique et demande de la cohésion.
Entre chaque flèche, les sportifs échangent souvent quelques mots sur le pas de tir pour se donner des conseils. « C’est important de savoir ce que l’autre aime bien qu’on lui dise, dit Audrey Adiceom. Certains préféreront un’allez, vas-y’encourageant, et d’autres un’tranquille’plus posé. Quand il y a un bon archer avec un moins fort, l’équipe peut le tirer vers le haut ». Et ce n’est pas toujours l’achère qui en a le plus besoin.
En tir à l’arc, si les hommes ont tendance à faire de meilleurs scores que les femmes en individuel, l’affaire est différente par équipe. « En double mixte, comme on n’a que deux flèches, tout le monde est à égalité », insiste Mathieu Jimenez, autre jeune pousse du tir à l’arc français à l’INSEP. Pour cette épreuve, les archers tirent seulement deux flèches par set contre trois en individuel.
Au Mexique, pour ses premiers championnats du monde, Adiceom est inscrite dans l’épreuve individuelle et par équipe chez les femmes. Elle espère faire de bons résultats pour aussi représenter la France en double mixte. Les entraîneurs choisissent en général les deux meilleurs archers sur la compétition pour cette épreuve qui arrive à la toute fin des championnats.
Audrey Adiceom et Mathieu Jimenez lors de la finale de double mixte aux Jeux mondiaux universitaires de Taipei, en 2017. / Laetitia Béraud pour Le Monde
Une chance de médaille française
Car la concurrence est rude au niveau international. Le tir à l’arc est pratiquement chasse gardée des Coréens du Sud depuis le retour de ce sport aux Jeux de Séoul, en 1988. « Mais on doit continuer à se dire qu’ils sont humains pour les battre », se répète Adiceom qui les a déjà rencontrés plusieurs fois. « On peut les battre ! »
En ajoutant cette épreuve au programme olympique, le CIO espère aussi rebattre un peu les cartes du tir à l’arc mondial. Depuis que les championnats du monde ont déjà intégré cette épreuve, en 2011, non moins de six nations différentes ont été sacrées.
Et pourquoi pas les Bleus cette année ? Chez les hommes, l’équipe de France peut compter sur Jean-Charles Valladont, n°2 mondial et médaillé d’argent à Rio l’an dernier, ainsi que sur Thomas Chirault, qui sort d’une saison plutôt réussie pour sa première année chez les seniors.
En juin dernier, la paire Adiceom-Valladont a signé la meilleure performance en mixte de l’histoire de l’équipe de France de tir à l’arc classique lors d’une étape de la coupe du monde en Turquie. Le duo s’est hissé en finale. Le tout, le jour où le CIO annonçait ajouter cette épreuve aux Jeux olympiques. Peut-être un signe pour ces deux archers qui affichent clairement viser Tokyo 2020 et Paris 2024.