L’Ademe veut amplifier les mesures concrètes pour la transition énergétique
L’Ademe veut amplifier les mesures concrètes pour la transition énergétique
LE MONDE ECONOMIE
Pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, il faut être plus ambitieux dans les secteurs de la mobilité et du bâtiment pour espérer atteindre la neutralité carbone après 2050.
« Le chantier des rénovations des bâtiments doit encore accélérer : 400 000 ont été réalisées en 2016, alors qu’il faudrait 500 000 rénovations performantes par an avant 2035, puis 750 000 chaque année, entre 2035 et 2050 », selon l’Ademe. / LOIC VENANCE / AFP
Vélo, voiture copartagée et électrique, résidences collectives (de préférence) et à haute performance énergétique et, bien sûr, développement des énergies renouvelables : sans effort important dans ces domaines, la neutralité carbone, objectif annoncé pour l’horizon 2050, ne sera pas atteinte.
En publiant, jeudi 19 octobre, son « Actualisation du scénario énergie-climat 2035-2050 », l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) revisite le scénario du gouvernement, jugé par ailleurs « volontariste » et « ambitieux », présenté notamment dans le plan Climat lancé par Nicolas Hulot, le ministre de la transition écologique et solidaire, le 6 juillet, ainsi que par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
« Nos travaux montrent que l’atteinte des objectifs de la loi – diviser par deux notre consommation d’énergie finale en 2050 – nécessite d’accélérer la trajectoire avant 2035 sur les deux grands chantiers prioritaires que sont la mobilité et le bâtiment », a expliqué au Monde David Marchal, directeur adjoint productions et énergies durables de l’Ademe.
« Un message fort »
Dans les deux secteurs principaux visés, mobilité et parc immobilier, l’agence veut pousser les curseurs. « Le chantier des rénovations des bâtiments doit encore accélérer : 400 000 ont été réalisées en 2016, alors qu’il faudrait 500 000 rénovations performantes par an avant 2035, puis 750 000 chaque année, entre 2035 et 2050 », affirme M. Marchal. Selon lui, les travaux devraient être globaux et non plus découpés en tranches, par exemple les fenêtres, puis, plus tard, les combles ou l’isolation des murs. Il faut aussi que les audits thermiques soient plus efficaces et éligibles aux subventions. Enfin, les dispositifs d’aides devraient être proportionnés aux économies réalisées dans les émissions de CO2.
S’agissant du parc automobile, l’Ademe plaide pour une augmentation du nombre de véhicules particuliers rechargeables sur le réseau électrique (y compris les hybrides) et de ceux fonctionnant au gaz, afin d’atteindre un niveau moyen d’émissions de 47 grammes de CO2 par kilomètre en 2050, contre 179 grammes de CO2 aujourd’hui. Dans le scénario envisagé par l’Ademe, une accélération rapide des ventes de véhicules dotés de ces nouvelles motorisations permettrait de réduire à 60 % la part des véhicules thermiques en 2035. Si la tendance se confirmait, les véhicules électriques, hybrides et gaz représenteraient alors 98 % du parc automobile en 2050.
« Sur l’énergie, le message qu’envoie la vision prospective de l’Ademe est fort : dans les trente prochaines années, il est possible de modifier profondément notre approvisionnement, en réduisant nos consommations et en développant le secteur du renouvelable, ce qui permettra d’éviter des importations de pétrole et de relocaliser l’économie, estime M. Marchal. Aujourd’hui, en France, nous comptons 15,5 % d’énergies renouvelables dans notre consommation. Nous importons une majorité de notre énergie. Nos différents scénarios proposent d’atteindre 69 % en 2050. »
Selon les calculs de l’Ademe, la relocalisation de l’économie se traduirait par une diminution du déficit de la balance commerciale. Dans une perspective d’une part de plus de 60 % du renouvelable dans le mix énergétique, ce déficit lié aux importations d’énergie pourrait être réduit de 60 % en 2035 et de 85 % en 2050.
« Mesures complémentaires »
Sur le front de l’emploi, l’Ademe montre que cette transition énergétique serait susceptible de créer jusqu’à 900 000 emplois supplémentaires en 2050. Ceux-ci seraient en partie liés à une meilleure efficacité (la rénovation des bâtiments notamment) et au développement et à l’exploitation des renouvelables.
Consciente des difficultés qu’il y aura à atteindre les objectifs, l’agence – qui est un établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle des ministères de la transition écologique et solidaire ainsi que de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation – publie également jeudi ses « propositions de mesures de politiques publiques pour un scénario bas carbone ».
Il s’agit pour l’Ademe de contribuer aux travaux – qui viennent de s’ouvrir et qui doivent se conclure à la fin de 2018 –, de mise à jour de la stratégie nationale bas carbone et de la programmation pluriannuelle de l’énergie. « La mise en place de mesures complémentaires est indispensable, sous peine de ne pas atteindre les cibles fixées par la loi sur la transition énergétique », concluent les auteurs de l’étude.