La commission parlementaire brésilienne vote contre l’ouverture d’un procès contre le président Michel Temer. / SERGIO LIMA / AFP

La commission parlementaire chargée d’étudier une nouvelle mise en accusation du président brésilien Michel Temer a voté sans surprise mercredi 18 octobre contre l’ouverture d’un procès qui coûterait son mandat au chef de l’Etat, suivant l’avis du rapporteur.

Bien que non contraignant, le vote de la Commission Constitution et Justice (CCJ), par 39 voix contre 26, représente une nouvelle victoire pour un président accusé d’« obstruction à la justice et participation à une organisation criminelle ».

Les députés, réunis en séance plénière dans les prochains jours, auront le pouvoir de renvoyer Michel Temer devant la Cour suprême, à condition qu’au moins deux tiers d’entre eux (342 sur 513) se prononce en faveur d’un procès, une éventualité jugée toutefois peu probable par les analystes.

« Victime d’une conspiration »

Vieux routier de la politique, M. Temer, 77 ans, dispose de nombreux soutiens au sein d’une Chambre des députés dont un grand nombre de membres sont eux aussi la cible d’enquêtes pour corruption. Déjà sous le coup d’une procédure similaire en juin, le président était parvenu à sauver son mandat en obtenant une large majorité en séance plénière début août. Même s’il affiche une sérénité à toute épreuve, M. Temer n’a cessé de courtiser les parlementaires ces derniers jours pour s’assurer un maximum de voix.

Lundi, dans une lettre adressée à des députés, il s’est dit victime d’une « conspiration » ourdie par son ennemi intime, l’ancien procureur-général Rodrigo Janot, auteur des deux mises en accusation.

Dans la seconde, ce dernier le soupçonne d’être le « leader d’une organisation criminelle » qui aurait détourné 587 millions de réais (environ 160 millions d’euros au taux de change actuel). Avec d’autres caciques de son parti, le PMDB (centre droit), il est notamment accusé d’avoir intercédé en faveur d’entreprises privées pour l’obtention de contrats publics. Des accusations fondées sur les délations des frères Wesley et Joesley Batista, patrons du grand groupe de viande JBS, ainsi que de l’agent de change Lucio Funaro, tous trois sous les verrous. Ce dernier est mentionné 274 fois dans l’acte d’accusation comme ayant joué le rôle d’intermédiaire dans des accords illégaux au profit du PMDB.