Treize grandes métropoles veulent devenir des territoires sans énergie fossile d’ici à 2030
Treize grandes métropoles veulent devenir des territoires sans énergie fossile d’ici à 2030
Par Laetitia Van Eeckhout
Les maires de Paris, Londres, Barcelone, Quito, Vancouver, Mexico, Copenhague, Seattle, Le Cap, Los Angeles, Auckland, Curitiba et Milan se sont engagés, lundi, à faire de leurs villes des zones à zéro émission.
Les grandes métropoles n’entendent pas relâcher leurs efforts en faveur de l’environnement et du climat. Douze jours après avoir dévoilé sa volonté de ne plus voir de voitures à essence dans les rues de la capitale d’ici à 2030, la maire de Paris et douze de ses homologues du C40 (un réseau de 91 grandes villes du monde présidé actuellement par Anne Hidalgo) ont pris lundi 23 octobre un engagement : celui de transformer leurs villes en territoires « plus verts », « plus sains », et surtout « sans énergie fossile ».
Réunis à Paris pour le sommet annuel Together4Climate (Ensemble pour le climat), les maires de Paris, Londres, Barcelone, Quito, Vancouver, Mexico, Copenhague, Seattle, Le Cap, Los Angeles, Auckland, Curitiba et Milan veulent faire d’ici à 2030 d’une « partie importante » de leurs villes des « zones à zéro émission ». C’est-à-dire des zones où tous les véhicules thermiques – essence comme diesel – seront interdits de circulation.
« Un tiers des émissions de gaz à effet de serre des villes proviennent des transports », rappellent les édiles du C40, insistant sur une étude portant sur les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne :
« La congestion sur nos routes coûte à l’économie en moyenne près de 1 % du PIB. »
Mobilité douce et transports en commun
Pour soutenir cette transition, les maires s’engagent à favoriser sur leurs territoires la mobilité douce (la marche et le cyclisme notamment) et à donner plus de place aux transports en commun pour les rendre accessibles à tous. Et ce, en réduisant les kilomètres parcourus par les véhicules et en diminuant leur nombre, à commencer par les plus polluants.
Certaines villes signataires n’ont pas attendu cette déclaration pour commencer à agir. Paris en 2015, suivie de Mexico, Athènes et Madrid en 2016 se sont déjà engagées à éradiquer d’ici à 2025 les véhicules diesel, et ont institué des restrictions de circulation pour les véhicules les plus anciens et les plus polluants. Barcelone leur a emboîté le pas cette année, et a annoncé qu’elle n’attribuerait plus en 2019 de licence de taxi à des propriétaires de véhicule diesel.
Londres et Milan sont allées plus loin encore, et ont instauré un péage urbain pour décongestionner leurs centres-villes. Londres a même décidé de taxer, à compter de ce 23 octobre, tous les véhicules en circulation ne respectant pas la norme d’émissions en vigueur. Actuellement, les véhicules les plus anciens autorisés sont les Euro 4 (première mise en circulation à partir de 2006), essence comme diesel. Tout propriétaire d’un véhicule plus ancien encore devra s’acquitter d’une surtaxe d’émissions, ou « T-Charge », de 10 livres par jour.
Effet de levier pour toute une filière
Ce faisant, les maires signataires de la déclaration veulent montrer la voie en acquérant « le plus vite possible » des véhicules à zéro émission pour leurs propres flottes. Ils promettent même de n’acheter, à partir de 2025, que des bus exempts de toute émission carbone.
Pour réduire le kilométrage parcouru par les voitures dans leurs villes, ils s’engagent à collaborer avec les fournisseurs, les opérateurs de parcs automobiles et les entreprises. « Les engagements pris à travers cette déclaration reflètent le niveau d’actions qu’au sein du C40 nous jugeons nécessaire pour respecter l’accord de Paris sur le climat », souligne Shannon Lawrence, directrice des initiatives au sein du C40. Et celle-ci d’ajouter :
« Cette déclaration est aussi un message adressé au secteur privé. »
Les édiles du C40, maires de villes parmi les plus importantes du monde, veulent créer un effet de levier pour susciter une offre compétitive de matériaux et de services auxquels ils veulent avoir recours, et favoriser le développement des filières carbon-free. En octobre 2015 déjà, vingt-six d’entre eux avaient signé une « déclaration des bus propres » pour montrer leur intention de se procurer désormais des bus sobres en carbone pour leurs flottes. « Cela a permis de convaincre les constructeurs de l’importance du marché potentiel et les a conduits à investir dans la fabrication de bus de nouvelle génération. A Londres par exemple, le prix des bus hybrides a depuis chuté de 10 % », relève Shannon Lawrence. Les maires feront publiquement état tous les deux ans des progrès réalisés par leurs villes.