Carlos Menem en train de quitter un studio télé, après une interview à Santiago, Chile, le 9 septembre 2004. / VICTOR ROJAS / AFP

A 87 ans et malgré ses démêlés avec la justice, l’ancien président péroniste Carlos Menem (1989-1999) a réussi à renouveler son mandat de sénateur, dimanche 22 octobre, lors des législatives partielles, garantissant ainsi son immunité parlementaire.

Ironie du sort, le caudillo a néanmoins subi une défaite historique, en perdant pour la première fois une élection législative à La Rioja, sa province natale, face au candidat du parti officiel du président de centre-droit Mauricio Macri, qui l’a largement emporté dans tout le pays. Mais M. Menem sera malgré tout sénateur, pour la troisième fois consécutive, car il y a deux sièges à pouvoir pour La Rioja au Congrès national.

« Bien que ce n’est plus de mon âge, il faut construire la démocratie et la liberté », a-t-il déclaré au moment de voter. En jean et blouson noir, il a conseillé aux jeunes « de vivre bien en démocratie et de se consacrer à la politique si c’est ce qu’ils aiment ». Recourant à ses habituelles citations historiques, il a ajouté qu’Aristote « ne s’était pas trompé » quand il affirmait que « la politique est la science des sciences qui vise le bien commun ».

18 ans consécutifs au Sénat et donc exempté de prison

Au cours des derniers mois, sa candidature avait été suspendue à cause de l’implication de M. Menem dans une affaire de vente illégale d’armes à l’Equateur et à la Croatie quand il était au pouvoir. Il avait été condamné, en 2013, à sept ans de prison. Peu avant le scrutin des législatives, la Cour suprême a levé cette sanction et habilité M. Menem à se postuler, estimant qu’il n’y avait pas de condamnation ferme contre lui. Quand il était à la tête de l’Etat, M. Menem avait pris ses distances du péronisme pour imposer une politique résolument ultralibérale. Ses deux gouvernements successifs avaient été secoués par de nombreux scandales de corruption.

Il est le premier ancien président de l’histoire argentine, élu démocratiquement, condamné par la justice. En décembre 2015, il avait été condamné à quatre ans et demi de prison pour des versements illégaux à des hauts fonctionnaires provenant de fonds réservés de l’Etat. Mais M. Menem était déjà protégé à l’époque par son immunité parlementaire, en tant que sénateur.

Il sera donc sénateur jusqu’en 2023, soit 18 ans consécutifs au Sénat et en liberté. Carlos Menem se retrouvera sur les bancs du Sénat avec l’ancienne présidente péroniste Cristina Kirchner (2007-2016) et dans la même situation : malgré un échec cuisant dans les urnes, ils seront tous les deux sénateurs, plusieurs sièges devant être attribués. Tous deux bénéficient ainsi d’une immunité parlementaire, qui leur sera fort utile face à une avalanche de poursuites judiciaires.