Des passagers évacuent la gare Saint-Charles, à Marseille, le 1er octobre, après l’attaque au couteau qui a fait 2 victimes, deux cousines de 20 ans. Le frère du tueur, abattu sur le coup par les soldats de l’opération « Sentinelle », a été tranféré en France depuis l’Italie, mis en examen et écroué. / BERTRAND LANGLOIS / AFP

Anis Hanachi, l’un des frères du Tunisien qui a tué deux cousines de 20 ans le 1er octobre à Marseille, a été mis en examen et écroué vendredi, au lendemain de son transfert d’Italie en France. Visé par un mandat d’arrêt délivré par la France et remis jeudi à la justice française, il a été mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de la commission d’un crime d’atteinte aux personnes », a-t-on appris de source judiciaire. Le suspect a été placé en détention provisoire.

« Une hypothèse encore à vérifier est que c’est lui qui a endoctriné son frère Ahmed et provoqué sa radicalisation », avait déclaré Lamberto Giannini, chef de l’antiterrorisme italien, au moment de son interpellation à Ferrare, dans le nord de l’Italie, six jours après l’attaque devant la gare Saint-Charles.

Les enquêteurs cherchent aussi à retracer son parcours dans les semaines qui ont précédé les assassinats perpétrés par son frère et à comprendre les raisons de sa présence sur le territoire français au moment de l’attaque, a expliqué à l’AFP une source proche du dossier.

Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l’attentat mais, jusqu’ici, les enquêteurs français n’ont pas fait état d’élément reliant le tueur à l’organisation djihadiste. Interpellé pour vol à Lyon deux jours avant l’attaque de Marseille, Ahmed Hanachi, 29 ans, avait été relâché le lendemain alors qu’il était en situation irrégulière, ce qui avait déclenché une vive polémique. Le gouvernement a mis fin le 11 octobre aux fonctions du préfet du Rhône, après une enquête administrative qui avait relevé, à la préfecture, « des dysfonctionnements graves du dispositif d’éloignement » des étrangers en situation irrégulière.

Toute la fratrie Hanachi entendue

Les responsables de l’antiterrorisme italien avaient été prévenus par les enquêteurs français le 3 octobre de la présence possible du frère d’Ahmed Hanachi en Italie. Ce signalement précisait qu’Anis Hanachi avait « combattu, fait le djihad en territoire syro-irakien, avec une expérience de caractère militaire », avait détaillé Lamberto Giannini.

Il avait été arrêté alors qu’il circulait de nuit à vélo et avait tenté de donner un faux nom en assurant qu’il était algérien. Ses empreintes digitales, enregistrées lors d’une première arrivée en Italie en 2014 sur une embarcation de migrants, ont permis de l’identifier. Son frère Ahmed Hanachi a vécu plusieurs années à Aprilia, au sud de Rome. Plusieurs djihadistes ayant frappé en Europe – comme Anis Amri, qui avait tué 12 personnes sur le marché de Noël de Berlin en 2016 – sont passés par l’Italie, qui n’a à ce jour subi aucune attaque de ce type.

Un autre frère du tueur de Marseille, Anouar, connu pour ses liens avec la mouvance djihadiste, a été arrêté début octobre en Suisse, avant d’être récemment remis aux autorités tunisiennes. Son rôle dans l’attaque de Marseille, s’il existe, « n’est pas clair », a souligné la police fédérale helvète. Soupçonné d’être impliqué dans des affaires de « terrorisme », il a été placé en détention provisoire, selon le porte-parole du pôle antiterroriste tunisien, Sofiène Sliti.

Les familles des victimes reçues bientôt par Gérard Collomb

Toute la fratrie d’Ahmed Hanachi a été entendue par la police, en Tunisie ou en Europe. Deux autres de ses membres, Moez et Amina, ont été relâchés après avoir été interrogés par un juge du pôle antiterroriste tunisien car « ils n’ont rien à voir » avec l’affaire, selon les autorités judiciaires.

Le ministre de l’intérieur français, Gérard Collomb, a annoncé mardi qu’il allait recevoir prochainement les familles des victimes. « Ces deux jeunes filles mortes à Marseille, cela montre que la menace continue à exister et donc qu’il faut pouvoir protéger les Français », a-t-il ajouté, défendant la nouvelle loi antiterroriste qui a pris cette semaine le relais de l’état d’urgence, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre 2015.