Carles Puigdemont est résolu à rester dans le jeu politique catalan. Le président destitué de la Catalogne, replié à Bruxelles pour échapper à des poursuites de Madrid, a appelé, samedi 4 novembre, à l’unité des indépendantistes pour les élections du 21 décembre.

Se considérant comme le « président légitime » des Catalans, M. Puigdemont, dont le parti de la droite indépendantiste est en difficulté dans les sondages, a exhorté ses alliés à resserrer les rangs face aux formations anti-indépendance.

« Le moment est venu pour tous les démocrates de s’unir. Pour la Catalogne, pour la liberté des prisonniers politiques et la République » proclamée dans cette riche région du nord-est espagnol, a-t-il écrit sur son compte Twitter. Son tweet renvoie vers une pétition en ligne appelant à la constitution d’une « liste unitaire » indépendantiste, qui avait recueilli près de 35 000 signatures samedi à la mi-journée.

Réticence des indépendantistes

La veille, M. Puigdemont, sous la menace de poursuites pour rébellion, sédition et détournement de fonds publics, s’était dit « disposé » à être candidat. Il a assuré pouvoir mener campagne depuis l’étranger, en dépit du mandat d’arrêt dont la justice belge doit se saisir dans les prochains jours. L’éventuelle remise de l’ancien dirigeant catalan à l’Espagne pourrait prendre jusqu’à trois mois, soit bien après le 21 décembre, s’il utilisait les voies de recours à sa disposition.

Indignés par la mise sous tutelle de leur région, déconcertés par le départ à Bruxelles de M. Puigdemont, les indépendantistes semblaient se remobiliser depuis l’inculpation et l’incarcération de huit membres du gouvernement démis, dont le vice-président Oriol Junqueras, jeudi, à Madrid ; incarcérations qu’ils jugent « politiques » et disproportionnées.

Mais l’initiative de M. Puigdemont a été reçue avec réticence par les principaux chefs de file séparatistes, divisés sur la pertinence de constituer un front commun pour ce scrutin convoqué par Madrid, qui a placé la région sous tutelle quelques heures après la proclamation de la « République de Catalogne », le 27 octobre. Tous les indépendantistes n’ont pas encore décidé de participer aux élections, qu’ils jugent « illégitimes ».

Jusqu’au 7 novembre pour décider

En effet, si les partis « unionistes » se présentent en ordre dispersé, l’unité des « souverainistes » – qui espèrent faire du 21 décembre un plébiscite contre Madrid – n’a rien d’acquis non plus.

M. Puigdemont appartient au Parti démocrate européen catalan (Pdecat), conservateur indépendantiste, qui a gouverné en coalition avec la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), entre 2015 et leur destitution, le 27 octobre.

Or les dissensions entre les deux alliés ont été très vives ces derniers mois et ERC, favori des élections selon les derniers sondages, se présente en position de force alors que les mêmes sondages placent le Pdecat en quatrième ou cinquième position.

Dans un article rédigé dans la perspective de son incarcération et publié vendredi, le leader d’ERC, Oriol Junqueras, a affiché sa préférence pour des listes séparées :

« Que chaque parti s’efforce de réaliser le meilleur résultat possible et que l’unité d’action et une stratégie concertée soient ce qui nous rassemble, dans le respect de toutes les sensibilités. »
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Informée de l’appel à l’unité de M. Puigdemont aux élections, la numéro deux d’ERC, Marta Rovira, a éludé le sujet :

« Nous devons les gagner, et c’est ce que nous ferons. »

Un autre parti indépendantiste, La Candidature d’unité populaire (CUP), d’extrême gauche, se réunissait samedi à Perpignan, dans le sud de la France, pour décider ou non de se présenter aux élections. Le temps presse : les partis souhaitant se présenter en coalition ont jusqu’au 7 novembre inclus pour se déclarer.