Le FMI met en garde le Venezuela, menacé de défaut de paiement
Le FMI met en garde le Venezuela, menacé de défaut de paiement
L’institution considère que le pays fait une « violation », en ne communiquant pas ses données économiques. L’agence de notation Fitch a également abaissé sa note à « C ».
Le Venezuela, qui a annoncé vendredi 3 novembre une réunion de ses créanciers pour lancer un processus de refinancement et de renégociation de la dette extérieure, a reçu une double mise en garde de la part du Fonds monétaire international (FMI) et de l’agence de notation financière Fitch.
Le FMI a pris acte lors d’une réunion de son comité de direction que le pays, qui traverse une grave crise politique et économique, était « en violation » avec les règles de l’institution en ne donnant pas accès à ses données économiques complètes. Fournir les données relatives aux exportations et aux importations de marchandises ainsi que celles concernant les indicateurs économiques clés sont « une obligation de tous les membres du Fonds », a rappelé le FMI.
L’institution de Washington a également souligné que l’accès à l’ensemble des données économiques « permet une surveillance efficace des évolutions macroéconomiques de chaque pays » et d’évaluer leur impact sur les autres pays.
Sanction de l’agence de notation Fitch
Les membres du conseil d’administration du FMI, qui se sont réunis vendredi, exhortent en outre le Venezuela « à adopter des mesures de rattrapage spécifiques et se réuniront dans les six mois pour examiner l’évolution du Venezuela ».
Cette séance du conseil « prévue de longue date », assure-t-on au FMI, s’est tenue le jour même où le Venezuela a annoncé une réunion avec ses créanciers pour le 13 novembre à Caracas alors que l’hypothèse d’un défaut de paiement ne cesse de se renforcer.
« Je dis aux investisseurs du monde entier et aux détenteurs de dette vénézuélienne : je vous convoque le 13 novembre à Caracas pour lancer un processus de refinancement et de renégociation de la dette externe », a déclaré vendredi le chef de l’Etat socialiste, Nicolas Maduro. Ces déclarations ont été sanctionnées par l’agence de notation Fitch qui a dégradé à « C » la note de dette du Venezuela qui dispose pourtant des réserves pétrolières parmi les plus importantes du monde.
Fitch rappelle que le pays a précédemment manqué des échéances de paiement. Combiné à l’annonce du gouvernement vendredi, l’agence estime qu’« un défaut de paiement est hautement probable ».
Une dette extérieure de milliards de dollars
Le Fonds monétaire espère toutefois que les autorités du pays vont « collaborer de nouveau avec le Fonds en fournissant des données régulières en temps et en heure ». « Une telle coopération serait profitable au Venezuela et à la communauté internationale », a-t-il souligné.
Le FMI, qui compte 189 membres, n’a pas pu effectuer de mission économique dans le pays depuis 2004 et il n’a reçu depuis que des données parcellaires, a-t-on indiqué auprès de l’institution.
En théorie, le FMI peut « sanctionner » un pays en décidant de suspendre ses droits de vote. Il peut en outre interrompre les financements. Et dans le pire des cas, exclure un membre, ce qui est arrivé une seule dans l’histoire du FMI : c’était en 1954 avec la Tchécoslovaquie, a-t-on rappelé. La dernière aide financière du FMI au Venezuela remonte à 2001 et le pays n’a pas fait de demande en ce sens depuis.
Asphyxié par la crise économique, le Venezuela avait annoncé jeudi une restructuration de sa dette extérieure, estimée à 155 milliards de dollars, afin d’éviter le défaut de paiement. La situation financière de ce pays pétrolier est d’autant plus compliquée que le président américain Donald Trump a imposé en août des sanctions financières contre Caracas, interdisant l’achat de nouvelles obligations émises par le gouvernement du Venezuela et la compagnie pétrolière nationale PDVSA.
Vendredi, le vice-président Tareck El Aissami, chargé de conduire le processus de refinancement et de restructuration de la dette extérieure, a annoncé que le groupe pétrolier public vénézuélien PDVSA avait commencé à rembourser 1,1 milliard de dollars d’un bon à échéance 2017. Si l’entreprise d’Etat avait raté le coche, le pays serait tombé automatiquement en défaut de paiement.