Glyphosate : les trois choses qu’il faut savoir sur une journée décisive au niveau européen
Glyphosate : les trois choses qu’il faut savoir sur une journée décisive au niveau européen
Le Monde.fr avec AFP
Après des semaines de débats et d’atermoiements, la Commission européenne soumet aux Etats membres, jeudi, sa proposition sur la durée du renouvellement de l’herbicide.
Manifestation de militants contre le glyphosate, le 19 juillet, à Bruxelles, devant le siège de la Commission européenne. / THIERRY CHARLIER / AFP
Journée décisive pour le glyphosate dans l’Union européenne. Après des semaines de débats et d’atermoiements, la Commission européenne doit soumettre aux Etats membres, jeudi 9 novembre, sa proposition sur la durée du renouvellement de l’herbicide, alors que sa licence d’exploitation arrive à expiration le 15 décembre.
Jusqu’ici, l’exécutif européen n’a pas réussi à trouver un consensus européen sur la durée de la prolongation. De son côté la France, par la voix du ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, a annoncé qu’elle souhaitait un renouvellement de trois ans maximum.
La proposition de la Commission européenne
Après un premier report intervenu fin octobre à cause d’un manque de consensus entre les Etats membres, la Commission européenne doit dévoiler ce jeudi sa nouvelle proposition sur la durée de prolongation du glyphosate.
Si elle était favorable au départ à un renouvellement pour dix ans, elle a dû revoir sa position à la baisse face à la mobilisation de l’opinion publique.
L’exécutif européen devrait proposer aux Etats membres une prolongation pour cinq ans, soit la durée qui avait été votée par le Parlement européen dans une résolution non contraignante.
La position des Etats européens
La durée proposée par Bruxelles ne permettrait toujours pas d’obtenir la majorité qualifiée nécessaire au vote, soit 55 % des Etats membres, représentant 65 % de la population.
« Je ne crois pas que la Commission ait une majorité pour une licence de cinq ans », a notamment lancé le ministre luxembourgeois de l’agriculture, Fernand Etgen.
La France a d’ores et déjà annoncé qu’elle votera non. C’est ce qu’a affirmé mercredi matin le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot au micro de BFM TV.
Il a fait savoir que le gouvernement était « sur une position de trois ans supplémentaires », soit jusqu’en décembre 2020. Et si la Commission demande de renouveler l’herbicide pour une période plus longue, « on votera contre », a-t-il avancé.
« Le grand changement, c’est qu’on est dans un objectif de sortie, et pas simplement de reconduction (…) La France est en pointe sur ce sujet-là. Pendant ces trois ans, on va pouvoir travailler pour faire émerger les alternatives. »
Si le vote a lieu jeudi et qu’aucune majorité ne se dessine une nouvelle fois, un comité d’appel sera organisé. Et si la même situation se reproduit, la décision pourra alors revenir à la Commission européenne.
Mais le commissaire à la santé, Vytenis Andriukaitis, a rejeté à plusieurs reprises l’idée d’assumer seul la responsabilité d’une telle décision, préférant qu’elle soit « partagée » avec les Etats membres.
Pour aller plus loin
Pourquoi le glyphosate est un herbicide très controversé
Le glyphosate, très utilisé par les agriculteurs, représente 25 % du marché mondial des herbicides. C’est l’herbicide « le plus fréquemment utilisé, à la fois dans le monde et dans l’UE », d’après la Commission européenne.
Entrant notamment dans la composition du Roundup, du groupe Monsanto, le glyphosate est très critiqué par les défenseurs de l’environnement. Il a été classé en 2015 « cancérogène probable » pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé.
En France, son utilisation par les collectivités dans les espaces ouverts au public est interdite depuis le 1er janvier 2017.