Pour la première fois, Christophe Castaner a été accueilli à l’Elysée en tant que chef de file de La République en marche, à l’occasion d’une concertation avec Emmanuel Macron sur le prochain scrutin européen. / POOL / REUTERS

Emmanuel Macron a commencé, lundi 20 novembre, à consulter les responsables politiques sur l’opportunité de revenir à un mode de scrutin national pour les élections européennes de 2019, une question qui divise les partis.

Quatorze responsables politiques seront accueillis à l’Elysée à tour de rôle d’ici mardi soir, comme M. Macron l’a fait à deux reprises avec les représentants syndicaux et patronaux depuis son élection.

Le président Les Républicains (LR) du Sénat, Gérard Larcher, a été le premier reçu, avant le secrétaire général du parti LR, Bernard Accoyer. Dans l’après-midi, Christophe Castaner a également monté le perron de l’Elysée pour la première fois en tant que nouveau chef de La République en Marche (LRM). Un prochain remaniement décidera s’il reste ou non au gouvernement.

François Bayrou (MoDem), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, LFI), Marine Le Pen (Front national, FN) et Pierre Laurent (Parti communiste français, PCF) se succéderont mardi après-midi.

En les recevant, M. Macron entend recueillir leur avis sur « les futures élections européennes » – prévues pour 2019 – et en particulier leur mode de scrutin.

« Pas d’entre-soi » pour les listes LRM

Le chef de l’Etat semble favorable au retour à une circonscription nationale alors que, depuis les européennes de 2004, la France est divisée en huit circonscriptions. Cela permettrait, selon lui, de mener un vaste débat national sur la « refondation de l’Europe » qu’il a appelée de ses vœux dans les discours d’Athènes et de la Sorbonne. Le président a également évoqué l’opportunité d’introduire des listes transnationales grâce à l’utilisation du quota des députés britanniques partants après le Brexit.

A l’issue de cette entrevue, M. Castaner a affiché son soutien à ces propositions. Selon lui, l’introduction de listes transnationales peut être « le meilleur moyen de porter l’ambition européenne ». Le porte-parole du gouvernement a déclaré que LRM trancherait la question à l’occasion d’un « débat interne ».

Il a également semblé donner un écho favorable aux récentes déclarations d’Alain Juppé sur le « grand mouvement central » en vue des européennes de 2019 : « Cela doit être une liste de rassemblement, élargie, on va la constituer, on va y travailler, je vais y mettre beaucoup d’énergie, mais on n’a pas vocation à être dans l’entre-soi », a expliqué le nouveau chef de file de LRM.

Divisions

Mais cette ambition pro-européenne fracture aussi bien à gauche qu’à droite. A sa sortie de l’Elysée, Bernard Accoyer a expliqué que les Républicains étaient favorables à un maintien de l’actuel mode de scrutin, qui « permet de garantir la proximité et le lien entre les territoires ».

Il a cependant appelé à « un redécoupage et un rééquilibrage des grandes circonscriptions régionales » pour tenir compte de la réduction du nombre de régions. Quant aux listes transnationales, il a estimé qu’elles ne pourraient « se justifier que dans le cadre d’une organisation fédérale de l’Union européenne (UE) ».

A l’inverse, le président du parti centriste UDI, Jean-Christophe Lagarde, a souhaité « le retour à un scrutin national » car « quoi de mieux qu’un débat national pour pouvoir démarrer la reconstruction de l’Europe ? ». Selon lui, le scrutin régional « escamote » un tel débat.

Sur la même ligne, le représentant du PS, Rachid Temal, a jugé que la liste nationale était la « meilleure solution pour qu’il y ait un débat de fond ». Marine Le Pen s’était également prononcée dimanche pour une liste nationale car « les députés français au Parlement européen (…) sont là pour défendre les intérêts de la France ».

Enfin, estimant que la modification du mode de scrutin ne suffira pas « à réparer la fracture démocratique », Nicolas Dupont-Aignant (Debout la France) a réclamé à M. Macron un référendum sur le CETA, l’accord commercial entre l’UE et le Canada.

« Conventions démocratiques européennes »

M. Macron a aussi consulté les chefs de partis sur le lancement, prévu début 2018, « de conventions démocratiques dans toute l’Europe afin d’associer les citoyens européens à la refondation » de l’UE, selon l’Elysée. Ce projet d’un débat public à l’échelle du continent, dont les contours restent encore flous, a été accueilli positivement par plusieurs pays européens comme l’Allemagne, l’Italie ou la Grèce.

« Nous ne voulons pas d’un grand débat théologique (…). Nous voulons d’abord faire remonter les aspirations des citoyens », a expliqué la semaine dernière Nathalie Loiseau, ministre des affaires européennes, dans La Croix. Lundi, ce projet a reçu des avis plutôt positifs de la part des représentants des partis, alors que l’Elysée s’inquiète de la crise politique allemande qui menace la chancelière Angela Merkel, sur laquelle compte le président de la République pour redonner un nouvel élan à l’Europe.