Jean-Luc Mélenchon à Clermont-Ferrand, le 25 novembre 2017. / THIERRY ZOCCOLAN / AFP

La France insoumise (LFI) n’est pas un parti, et a fortiori, Jean-Luc Mélenchon n’est pas son dirigeant. C’est un des messages qu’entend faire passer le mouvement, qui tient sa convention samedi 25 et dimanche 26 novembre à Clermont-Ferrand pour mieux se définir.

LFI « n’a pas besoin d’une homogénéité des pensées, mais d’une homogénéité de l’action. Il n’y aura pas de police de la pensée ici. Personne n’est obligé de répéter ce que je dis » a lancé M. Mélenchon, qui a ouvert l’événement en tant que président...du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Les militants assis dans la pénombre autour de tables nappées de blanc, façon cabaret, ont donc écouté le député distiller pendant 1h15 non pas une ligne à suivre mais conseils et considérations sur de nombreux sujets d’actualité. Selon l’organisation, ils sont 1 600 participants, la majorité tirée au sort après inscription.

« Pas de religion en politique »

Evoquant les différentes polémiques touchant les cadres du mouvement, M. Mélenchon a déploré « cinq mois ininterrompus de dénigrement », « parfois à la cadence de deux buzzs par semaine ». Il s’est arrêté, sans le nommer, sur le cas de la députée Danièle Obono, à qui ses adversaires reprochent une forme de compromission avec l’islam politique, pour défendre une laïcité stricte.

« Il faut (...) que la religion ne vienne pas en politique diviser tous ceux qui ont vocation à s’unir. C’est la position du livret thématique de notre programme. Pas de religion en politique ! » Le député des Bouches-du-Rhône a dans le même temps « exigé du pouvoir la clarté, et pas des admonestations ». Il a réclamé que « la République soit fondamentalement et jusqu’au bout laïque », en abolissant le concordat en Alsace-Moselle et en mettant fin à la tradition qui veut que le chef de l’Etat ait le titre de chanoine de Latran : « Le président ne peut pas être le curé du pape ! »

Assurant faire partie du « mouvement de l’argumentation et pas de la vitupération », l’ancien candidat à la présidentielle a aussi vivement critiqué « l’ignoble Manuel Valls et ses aboiements permanents ». L’ex-premier ministre avait notamment qualifié le discours de LFI « d’islamo-gauchiste ».

« La division syndicale nous a nui d’une manière incroyable »

M. Mélenchon est ensuite revenu sur la faiblesse du mouvement de contestation aux ordonnances réformant le code du travail. « Nous venons de subir un revers », a-t-il lancé, après avoir une première fois reconnu, fin octobre, avoir perdu une manche face à Emmanuel Macron. Il en a attribué la responsabilité au manque d’union entre syndicats :

« Cette bataille a été menée en dépit du bon sens. La division syndicale nous a nui d’une manière incroyable. Honte à ceux qui en ont été responsables ! (...) Il faut absolument, par rapport aux batailles qui s’annoncent, que la convergence se fasse, chacun dans son rôle. Nous avons besoin de plateformes de résistance populaire qui rassemblent tous ceux qui sont prêts à se battre. »

De son côté, le message est clair, il faut continuer : « seule la lutte paie, parce qu’ils [les dirigeants] n’entendent rien d’autre », dit-il, s’adressant aux acteurs du secteur de la santé à qui il prédit « une mauvaise année ». Contre Emmanuel Macron et « les cadeaux faits aux riches » compris dans le budget voté cette semaine, il déroule, dénonce « une pluie d’argent qui part en direction d’une classe sociale qui s’est comportée en parasite  sans rien apporter au bien-être de la nation ».

Une liste « L’Europe insoumise » aux européennes

L’ancien candidat à la présidentielle a également évoqué les prochaines échéances électorales, les européennes, qui doivent avoir lieu en 2019. Ces élections vont être « un référendum sur la question européenne », promet M. Mélenchon pour qui « il faut briser les chaînes, sortir des traités budgétaires européens qu’ont préparé et signé Sarkozy et ensuite Hollande ». Ces traités « poussent le continent entier dans la misère et dans la guerre ».

L’ancien eurodéputé a assuré qu’il y aurait « une liste “l’Europe insoumise” » à ces élections, éventuellement avec les Espagnols de Podemos « et tant d’autres amis », en cas de listes transnationales.

LFI a aussi les yeux tournés vers les éventuelles législatives partielles qui auront lieu en cas d’invalidation des élections de juin – une centaine est concernée, selon M. Mélenchon. « Nous serons partout », a-t-il prévenu.