Le cours du bitcoin a franchi le seuil symbolique des 10 000 dollars, après des semaines d’une flambée aussi vertigineuse qu’inédite. / Ints Kalnins / REUTERS

Le cours du bitcoin a franchi le seuil symbolique des 10 000 dollars, 10 058 en Asie dans les premiers échanges mercredi 29 novembre, après des semaines d’une flambée aussi vertigineuse qu’inédite. Depuis le 1er janvier 2017, quand une unité de la monnaie électronique valait 998 euros, sa valeur a été multipliée par 10. Et il n’aura pas fallu 10 jours pour que le cours passe de 8 000 à 10 000 dollars (de 6 700 à 8 400 euros environ) !

L’envolée des derniers jours tient pour partie au coup de projecteur mis sur le bitcoin, que l’on achète ou vend sur des plates-formes spécialisées en ligne, depuis que sa valeur a dépassé les 8 000 dollars. D’après Alistair Milne, gérant du fonds Altana Digital Currency Fund, basé à Monaco, la plate-forme d’échange de devises numériques en ligne Coinbase a enregistré 300 000 nouveaux utilisateurs pendant le week-end de Thanksgiving aux Etats-Unis. Selon les données des différentes plates-formes, la capitalisation totale du bitcoin dépasse aujourd’hui les 150 milliards de dollars.

Un intérêt croissant des fonds d’investissement

L’intérêt pour le bitcoin, cette monnaie échappant au contrôle des banques centrales et des Etats, dont l’émission est pilotée par un algorithme informatique, ne cesse de grandir. Au moment de sa création, en 2009, son usage était réservé à un cercle restreint de passionnés. Mais depuis le début de l’année, des particuliers et surtout des fonds d’investissement, en achètent en nombre.

CME Group, le plus important marché à terme du monde, s’apprête ainsi à lancer prochainement des produits financiers (contrats à terme) sur la monnaie électronique. De quoi inciter des investisseurs classiques encore frileux à se lancer dans l’aventure. Mercredi 22 novembre, le gestionnaire d’actifs Tobam, basé à Paris, a également annoncé le lancement d’un fonds commun de placement investi en bitcoins, le premier du genre en Europe.

Un risque de bulle financière

S’ajoute à cela la multiplication des levées de fonds par l’intermédiaire du bitcoin ou de l’ethereum, une autre cryptomonnaie, de start-up se lançant sur la technologie de la « blockchain », sur laquelle se basent les devises électroniques. Cette dernière constitue l’équivalent d’une base de données publique permettant de tracer toutes les transactions réalisées en bitcoin (ou autres). Ses applications sont susceptibles de bouleverser les modes de paiement voire, à terme, le fonctionnement du système bancaire. La blockchain permet en effet de simplifier les transactions, tout en les rendant infalsifiables.

Nombre d’observateurs, dont les régulateurs financiers, restent néanmoins méfiants à l’égard du bitcoin et de ses petits frères. Certains s’inquiètent du risque de bulle financière, susceptible de ruiner les particuliers non avertis investissant dans l’e-devise. « C’est une escroquerie », s’est ainsi emporté en septembre Jamie Dimon, le PDG de la banque JPMorgan. « Ce n’est pas une monnaie, mais un instrument de spéculation », a martelé quelques jours après Vitor Constancio, le vice-président de la Banque centrale européenne.