Le dépouillement continue au Honduras
Le dépouillement continue au Honduras
Le Monde.fr avec AFP
L’opposition met aussi en doute la participation à l’élection présidentielle dans trois départements de l’ouest du pays, qui a atteint 70 à 75 %, contre 50 à 55 % pour la moyenne nationale.
Le candidat de l’opposition Salvador Nasralla lors d’une marche de protestation, le 3 décembre à Tegucigalpa. / Rodrigo Abd / AP
Huit jours après l’élection présidentielle au Honduras, le Tribunal suprême électoral (TSE) a repris dimanche 3 décembre le dépouillement, sans avoir cédé à l’opposition au président sortant Juan Orlando Hernandez, et alors que les deux parties étaient au coude à coude.
Mais à quelques heures de l’entrée en vigueur du couvre-feu décrété vendredi avec l’état d’urgence, les partisans du candidat de gauche, Salvador Nasralla, sont sortis manifester dans les rues de la capitale. Lors de la suspension des opérations jeudi, M. Hernandez était en tête avec 42,92 % des voix devant Salvador Nasralla, un présentateur de télévision candidat de l’Alliance de l’Opposition contre la dictature, crédité de 41,42 %, sur 94,31 % des bulletins dépouillés.
Inversement du rapport de force
En début de semaine le rapport de force était inverse, ce qui a provoqué la colère de l’opposition qui a crié à la partialité du TSE. « Dehors JOH ! », ont lancé dimanche les manifestants, appelant le président Hernandez par ses initiales, l’accusant de « fraude » et le TSE du « vol » de l’élection, au milieu des chants et d’un concert de casseroles et de « vuvuzelas ».
Salvador Nasralla était présent à la manifestation et a réitéré devant ses partisans que le résultat du vote de dimanche dernier « est un vol ». « Nous n’en pouvons plus, nous ne voulons pas d’une dictature. Que les institutions internationales ouvrent les yeux sur le Honduras ! », a déclaré un jeune manifestant, le visage caché par un foulard.
Depuis Washington, la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) et le bureau de l’ONU pour les droits de l’Homme au Honduras (OACNUDH) ont demandé dans un communiqué commun aux autorités honduriennes de rester « dans le cadre des droits de l’Homme, en respectant la vie et l’intégrité physique des personnes ». Les deux organismes ont également exprimé leur « profonde préoccupation » devant « la perte de vies humaines dans le contexte des manifestations ».
L’opposition conteste
Une jeune fille de 19 ans a été tuée par balles dans la nuit de vendredi à samedi lors d’affrontements entre partisans de Salvador Nasralla et policiers. Son décès a été attribué à des tirs de la police par la famille et une enquête est ouverte. Le gouvernement avait décrété vendredi l’état d’urgence pour 10 jours afin de mettre un terme aux manifestations de protestation. Soupçonnant une fraude électorale, l’opposition posait 11 conditions, notamment la vérification de 5 174 procès-verbaux transmis après plusieurs interruptions du système informatique.
L’opposition met aussi en doute la participation dans trois départements de l’ouest du pays, qui a atteint 70 à 75 %, contre 50 à 55 % pour la moyenne nationale.
Avec quelque 9 millions d’habitants, le Honduras est un petit pays au cœur du « triangle de la mort » de l’Amérique centrale, miné par les gangs et affichant un des plus forts taux d’homicide au monde. Il a connu de multiples coups d’Etat, révoltes armées et conflits avec ses voisins, le Salvador et le Guatemala. L’actuel président sortant avait été élu en 2013 après des élections déjà contestées par la gauche.