Série sur Netflix à la demande

THE CROWN Saison 2 Bande Annonce VF (Nouvelle // 2017) Netflix
Durée : 02:41

Après avoir englouti The Crown en une journée, en 2016, Jennie Bond, longtemps correspondante de la BBC auprès de la ­Couronne, évoquait la série en ces termes : « Cette création de Peter Morganest si crédible que j’en suis souvent venue à oublier qu’il s’agit d’une série, pas d’un documentaire. » Pour nous introduire derrière les hauts rideaux de Buckingham Palace, Netflix a fait appel à deux pointures : Peter Morgan, auteur anglais reconnu pour ses scénarios historiques (Le Dernier Roi d’Ecosse, The Queen, The Deal), et le réalisateur Stephen Daldry (Billy Elliot, The Hours).

Le projet de The Crown, dont la deuxième saison sort ce jour, étant de suivre le cours de la vie d’Elizabeth Windsor, tant dans son aspect privé (elle est alors Lilibeth) qu’institutionnel (Elizabeth II). Or, en dépit des doutes que peut susciter une telle ambition, rien, ici, ne s’apparente à une ronflante photo sur papier glacé, guindée et compassée. Bien au contraire.

« The Crown », saison 2, une série créée par Peter Morgan et Stephen Daldry. / COCO VAN OPPENS/NETFLIX

Accuse-t-on la reine Elizabeth de n’être qu’un symbole d’outre-siècle, voire un poisson froid ? Mais toute son éducation l’a précisément formée à cela, nous apprenait la première saison ! A partir du moment où son oncle Edouard VIII a abdiqué, où son père est devenu le roi George VI, et elle, prétendante au trône, toute trace de normalité ou d’émotion a dû être maîtrisée. Pas d’autre enseignement, dès l’âge de dix ans, que la Constitution et les devoirs de la vie de reine. Comme le lui rappelle sa grand-mère paternelle Mary, lorsque lui revient la couronne : « Le plus dur de tout consiste à ne pas agir. Rester impartial n’est pas naturel. » Ou comment une jeune fille et tout son entourage n’ont d’autre choix que de se plier à la « machinerie » royale et à ses « hommes en gris » – comme les surnommait la princesse Diana.

Toujours disponible sur Netflix, la première saison s’ouvrait avec le mariage d’Elizabeth (magnifique Claire Foy) et de Philip (Matt Smith), en 1947, et s’étendait ­jusqu’au milieu des années 1950, peu après le départ du premier ministre Winston Churchill (le formidable John Lithgow), qui l’avait guidée dans ses premiers pas de règne.

Pouvoir nazi et vie débridée

Cette deuxième saison, peut-être encore plus excitante ou intrigante que la première – hormis ses deux derniers épisodes, qui tirent en longueur –, commence par la crise du canal de Suez, en 1956, mais aussi avec les doutes d’une partie du pays quant à la pertinence de rester une monarchie. Un très judicieux montage permettra que l’on se passionne autant pour un voyage de la reine en Afrique que pour une discussion avec son mari sur l’impossibilité pour eux de divorcer.

Car The Crown n’a rien d’une biographie « autorisée » : sont abordés les liens entre Edouard VIII et Hitler ou la proximité entre le pouvoir nazi et la famille du prince Philippe, pendant la seconde guerre mondiale ; la vie débridée du futur mari de Margaret, sœur d’Elizabeth ; ou la façon dont la reine aura fait face aux probables infidélités de son mari. Sans pathos, faisant preuve d’une constante rigueur tant dans l’écriture que la réalisation, le montage et le jeu des acteurs, The Crown évoque au final un duel universel : celui auquel se livrent le devoir et le souhait de liberté.

The Crown, saison 2, série créée par Peter Morgan et Stephen Daldry. Avec Claire Foy, Matt Smith, Vanessa Kirby, Matthew Good (EU, 2016, 10 x 58 minutes).