Lafarge en Syrie : mises en examen de l’ancien PDG Bruno Lafont et de l’ex-directeur général adjoint Christian Herrault
Lafarge en Syrie : mises en examen de l’ancien PDG Bruno Lafont et de l’ex-directeur général adjoint Christian Herrault
Le Monde.fr avec AFP
Les deux responsables du cimentier sont mis en examen pour financement d’une entreprise terroriste et mise en danger de la vie d’autrui. Ils sont placés sous contrôle judiciaire.
L’ancien PDG de Lafarge Bruno Lafont et son ex-directeur général adjoint opérations Christian Herrault ont été mis en examen vendredi 8 décembre dans l’affaire de la cimenterie de Jalabiya, en Syrie, a-t-on appris auprès de leurs avocats. Ils ont tous les deux été placés sous contrôle judiciaire avec caution.
Jeudi, Eric Olsen, DRH puis directeur général adjoint du groupe français à l’époque des faits, avant de devenir directeur général après la fusion avec le Suisse Holcim en 2015, a été mis en examen pour « financement d’une entreprise terroriste » et « mise en danger de la vie d’autrui » et placé sous contrôle judiciaire. Il devra s’acquitter d’une caution de 200 000 euros, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
La filiale syrienne (Lafarge Cement Syria, LCS) du groupe est mise en cause pour avoir pactisé avec l’Etat islamique entre novembre 2013 et septembre 2014 afin de maintenir son usine de Jalabiya, au nord du pays, dans une zone de conflit tenue notamment par l’organisation djihadiste d’Abou Bakr Al-Baghdadi.
Elle lui a fait remettre plus de 500 000 dollars et lui a acheté des matières premières, dont du pétrole, en violation d’un embargo de l’Union européenne, selon un rapport rédigé à la demande de Lafarge par le cabinet américain Baker McKenzie. Les enquêteurs tentent de déterminer si la direction à Paris a pu être au courant de tels agissements.
Contradictions
Les contradictions entre les trois responsables sont nombreuses. Christian Herrault, qui a reconnu début 2017 que le groupe avait été victime d’une « économie de racket », a assuré « avoir régulièrement informé Bruno Lafont » et que ce dernier « n’avait émis aucune objection à l’époque », d’après le rapport Baker McKenzie.
Mais l’ancien DG, entendu en janvier en audition libre par les enquêteurs, a démenti avoir été informé. « Pour moi, les choses étaient sous contrôle. Si rien ne me remontait, c’est que rien de matériel ne se produisait », avait assuré Bruno Lafont.
Outre M. Olsen, trois cadres de Lafarge, dont deux ex-directeurs de l’usine de Jalabiya, ont été mis en examen dans cette enquête menée au pas de charge par un juge d’instruction du pôle antiterroriste et deux juges du pôle financier.