Un bout de son âme repose à l’île d’Yeu où elle se ressourçait au bord de l’océan, auprès de ses amis : la comédienne Marianne Epin est morte, samedi 9 décembre, à 65 ans, des suites d’un cancer qu’elle a combattu pendant vingt ans, sans rien dire. Elle pétillait d’énergie et de joie de vivre, et l’été dernier encore, elle jouait à Avignon dans L’Etrange Destin de M. et Mme Wallace, de Jean-Louis Bourdon, dans un théâtre du « off ».

Avec ses cheveux bruns, sa silhouette menue et son jeu expressif, Marianne Epin a suivi un joli trajet dans le théâtre, qu’elle a appris auprès d’Antoine Vitez, au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Elle a longtemps travaillé avec Gildas Bourdet, qu’elle a épousé et dont elle a eu deux filles. C’était dans les années 1980, Gildas Bourdet – aujourd’hui retiré du métier – dirigeait le Théâtre du Nord, à Lille. Il se signalait avec ses pièces – Une station-service, Les Crachats de la lune et surtout Le Saperleau, pour lequel il a inventé un langage jouissif – et ses mises en scène, comme celle du Pain dur, de Claudel, qui permit à Marianne Epin d’être une belle Sichel.

Un bout de chemin avec Fellag

Lauréate du prix Gérard-Philipe en 1985, la comédienne intégre en 1986 la Comédie-Française, où elle reste jusqu’en 1991, et joue en particulier dans Le Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare, mis en scène par Jorge Lavelli. Puis elle retrouve Gildas Bourdet, nommé à la direction du Théâtre de la Criée, à Marseille. A son côté, elle assume la fonction de directrice artistique, laissant la part belle aux jeunes artistes, tout en continuant à jouer, et à créer des pièces, comme La Traversée de l’hiver, de Yasmina Reza, en 1990.

Dans les années 2000, Marianne Epin partage un bout de chemin avec Fellag, dont elle devient la partenaire en scène de Tous les Algériens sont des mécaniciens, spectacle qu’elle a mis en scène, comme les deux derniers du conteur-humoriste, Petits chocs des civilisations, en 2011, et Bled Runner, en 2016.