ce procès portant sur le viol d’une quarantaine d’enfants de 8 mois à 12 ans dans le Sud-Kivu entre 2013 et 2016. / FEDERICO SCOPPA / AFP

Douze miliciens congolais ont été condamnés, mercredi 13 décembre, à la prison à perpétuité pour des viols massifs, qualifiés par la justice de « crime contre l’humanité », par un tribunal militaire dans l’est de la République démocratique du Congo.

Le chef de milice et ex-député provincial du Sud-Kivu, Frédéric Batumike, et onze de ses coaccusés ont été « condamné à la prison à perpétuité pour crime contre l’humanité par viol et par meurtre » dans cette province agitée de l’est de la RDC.

Deux ont été condamnés à une année de prison, six autres prévenus ont été acquittés dans ce procès portant sur le viol d’une quarantaine d’enfants de 8 mois à 12 ans dans le Sud-Kivu entre 2013 et 2016. « Au moins deux enfants sont morts des suites de ces viols », selon la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc).

L’« Armée de Jésus » et son féticheur

Accusés d’appartenir à la milice Djeshi ya Yesu (« Armée de Jésus »), le député provincial Frédéric Batumike et dix-sept coaccusés étaient poursuivis pour une série de viols à Kavumu, village congolais proche du Rwanda. M. Batumike avait été arrêté en juin 2016 ainsi que soixante-quatorze autres personnes. Il était accusé d’avoir recruté un « féticheur qui conseille aux miliciens de violer des très jeunes filles pour pouvoir être assurés d’une protection surnaturelle ».

Fondateur de l’hôpital de Panzi (Bukavu), qui vient en aide aux femmes violées dans les conflits qui ravagent l’Est congolais depuis deux décennies, le gynécologue congolais Denis Mukwege avait dénoncé en 2014 et 2015 cette vague d’enlèvements et de viols nocturnes de fillettes dans le village de Kavumu, proche de Bukavu.

Les parties civiles et ONG satisfaites

Ce verdict a été rendu dans une salle d’audience pleine à craquer, après qu’une foule nombreuse avait pris d’assaut les abords du lieu bien avant même l’ouverture de la séance.

Le verdict a satisfait les parties civiles et les ONG qui luttent contre l’impunité des crimes sexuels en RDC. « Il y a quelques années, un tel procès aurait été inimaginable », s’était félicité l’ONG Physicians for Human Rights. « Pendant trop longtemps, les auteurs de viols au Congo ont cru qu’ils étaient invincibles, ajoute l’ONG. Lentement des signaux commencent à montrer que l’impunité n’est pas inévitable. »

Multiples accusations contre Frédéric Batumike

Soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat d’un défenseur des droits humains congolais, Evariste Kasali, tué le 17 mars 2016, M. Batumike est également accusé du meurtre d’un Allemand, Walter Müller, propriétaire de plantations dans le Sud-Kivu, sauvagement assassiné en 2012. Les autorités de Kinshasa avait également reproché à l’élu local « plusieurs attaques (meurtrières de) positions de l’armée et de la police » dans l’Est.