Le festival Africolor a toujours offert une place de choix au Mali depuis son lancement, en 1989, par Philippe Conrath. La crème des artistes maliens s’y est produite, au fil des éditions. Cette année, Malisadio, un concert-spectacle avec musiciens et acteurs fait un portrait du Mali en musiques : « c’est du théâtre, de la musique et de l’histoire mélangés » résume Vincent Lassalle, musicien percussionniste et directeur artistique de Malisadio. Créé à Bures-sur-Yvette (Essonne) le 14 décembre, il tourne dans plusieurs autres lieux. « Avant la 30e, l’année prochaine, explique ­Sébastien Lagrave, directeur du festival depuis 2013, je me suis dit qu’il était temps de proposer un spectacle qui raconte l’histoire du Mali depuis les indépendances et pourrait donner les clés de compréhension de cette société et des musiques maliennes ». Il a proposé son idée à un grand bavard, un raconteur notoire d’histoires incroyables mais vraies : Vladimir Cagnolari.

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Journaliste, mordu (et connaisseur) de l’Afrique, celui-ci a formé un binôme radiophonique de haut vol avec son compère Soro Solo, pour l’émission L’Afrique enchantée, diffusée sur les ondes de France Inter, chaque dimanche, de 2008 à 2015. Celle-ci racontait l’Afrique à travers ses musiques et ses chansons. L’émission n’existe plus, remplacée depuis septembre 2015 par l’Afrique en Solo, conçue et animée par Soro Solo, le dimanche à 22 heures, sur Inter. Cagnolari ne s’est pas fait pas prier pour s’embarquer dans cette aventure malienne.

Une femme de ménage se raconte

A Vincent Lassalle, Sébastien Lagrave a confié la mission de constituer un plateau de musiciens, à Vladimir Cagnolari l’écriture du synopsis. Le personnage central de l’histoire s’appelle Sadio (l’actrice Kadi Diarra tient le rôle). Sadio vient du Mali. Elle est femme de ménage dans un théâtre. « A la faveur de l’annulation du spectacle prévu, elle saisit sa chance devant le public, prenant du même coup le directeur du théâtre (joué par Thierry José) en otage, raconte Cagnolari. Ce soir, elle a décidé de se raconter. Pour ne plus être invisible et qu’on comprenne enfin comment une femme héritière d’une riche civilisation, portant un nom qu’on chante encore dans les grandes épopées, se retrouve ici, en banlieue de Paris. ». A travers son histoire, elle va raconter aussi les valeurs qui irriguent les cultures maliennes, accompagnée par ses amis musiciens qui reprennent des standards de la bande son du Mali, des indépendances (Mali Twist, de Boubacar Traoré), à maintenant (An be Gnongon bolo, de King KJ), arrangés par Vincent Lassalle.

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« Pour raconter une bonne histoire, la musique s’impose, poursuit l’auteur de Malisadio, tant elle demeure en Afrique le medium qui par excellence dit l’Histoire et les histoires, le quotidien et les espoirs. ». Le Mali a, comme la Guinée, fait partie des pays où la musique a été prise très au sérieux, commente encore Vladimir Cagnolari. « Au moment des indépendances, Sékou Touré et Modibo Keita, 1ers présidents des Républiques de Guinée et du Mali, ont réhabilité les musiques anciennes remontant à la nuit des temps, oubliées pour cause de lavage de cerveau colonial ». Elles sont devenues des vecteurs de fierté et de cohésion nationale.

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Malisadio, le Mali en musiques
Durée : 05:54

« Malisadio, le Mali en musiques », le 16 décembre (20 h 30), à L’espace 93, Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ; le 24 décembre (20 h 30) au Nouveau Théâtre de Montreuil (Seine-Saint-Denis). www.africolor.com