L’avis du « Monde » – à voir

A la suite de sa trilogie consacrée au langage (D’une langue à l’autre, 2004 ; Langue sacrée, langue parlée, 2008 ; Traduire, 2011) et de l’installation Signer en langues, conçue avec la comédienne Emmanuelle Laborit en 2016 pour le MuCEM, la documentariste Nurith Aviv se penche cette fois sur la langue des signes. Elle part en Israël, à la rencontre de familles, de traducteurs, de chercheurs, de scientifiques, d’artistes, afin d’explorer les zones de transmission, de communication et d’étude, qui entretiennent la connaissance de cette langue.

Mais ce qui l’intéresse plus particulièrement, c’est le caractère vernaculaire des langues signées, qui, à l’instar des langues orales, diffèrent d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre. Certaines émergent de foyers inattendus, comme le village palestinien de Kafr Qassem où est né un système de signes spécifique. Processus de différenciation fascinant, qui indique qu’une langue est façonnée par l’environnement et le milieu dans lesquels elle apparaît.

Sensualité des corps

Mais Nurith Aviv reconnaît encore dans la langue des signes le siège d’une expression physique, aux prises avec le réel, mettant en jeu la sensualité des corps, là où la langue orale crée souvent une déconnexion intellectuelle avec l’environnement immédiat.

Enfin, elle observe comment celle-ci ouvre la porte d’une forme de théâtralité, où les artistes peuvent inventer de nouvelles hybridations de mots et de postures. C’est alors le corps humain tout entier qui, se faisant signe, se fond dans le langage.

Documentaire français de Nurith Aviv (1 heure). Sur le Web : www.24images.fr/fr/catalogue/documentaire/article/signer