En Inde, un héritier de la dynastie Nehru-Gandhi prend la tête du parti du Congrès
En Inde, un héritier de la dynastie Nehru-Gandhi prend la tête du parti du Congrès
Rahul Gandhi, l’arrière-petit-fils de Nehru, doit relancer une formation affaiblie. Sa mère d’origine italienne, Sonia, occupait ce poste de l’opposition depuis 19 ans.
Rahul Gandhi, lors de la passation de pouvoir, qui s’est effectuée au cours d’une cérémonie au siège du Congrès à New Delhi, samedi 16 décembre. / PRAKASH SINGH / AFP
La passation de pouvoir s’est jouée en famille. Rahul Gandhi est devenu samedi 16 décembre en Inde président du parti du Congrès, consacrant l’arrivée aux responsabilités d’une nouvelle génération dans la saga de la dynastie politique des Gandhi. Âgé de 47 ans, fils, petit-fils et arrière-petit-fils de premiers ministres indiens, Rahul Gandhi avait été officiellement désigné lundi pour mener le Congrès.
Sa mère d’origine italienne, Sonia, occupait ce poste depuis 19 ans, un record pour cette formation de l’opposition fondée en 1885. La passation de pouvoir entre Sonia et Rahul Gandhi s’est effectuée au cours d’une cérémonie au siège du Congrès à New Delhi, à laquelle assistaient les ténors du parti dont l’ancien premier ministre Manmohan Singh.
Cette désignation marque la mise en ordre de bataille du Congrès à moins d’un an et demi des prochaines élections nationales. Ce parti y affrontera le rouleau compresseur des nationalistes hindous (BJP) du premier ministre Narendra Modi, qui lui ont infligé une série d’humiliations électorales depuis 2014.
Perte de vitesse
Né et élevé en vue de gouverner, Rahul Gandhi - qui a un jour comparé le pouvoir à un « poison » - aura la lourde tâche de redynamiser et de rajeunir un parti miné par la corruption et usé par sa longévité.
« La façon dont il gérera le changement dans le fonctionnement du parti sera importante, comme promouvoir de jeunes leaders et dépasser les critiques sur son rôle », a déclaré Gurpreet Mahajan, professeure de sciences politiques à l’université Jawaharlal Nehru de Delhi.
« S’il parvient à amener des changements au niveau de la base cela pourra donner une nouvelle direction à un parti qui est en difficulté face à un BJP en montée en puissance. »
Bien qu’il ait dominé la politique indienne depuis l’indépendance en 1947, le Congrès est en perte de vitesse ces temps-ci. Il peine à s’imposer face au charisme et au populisme de Narendra Modi et la très efficace machinerie électorale de son Bharatiya Janata Party (BJP).
Harvard et Cambridge
Rahul Gandhi est venu au monde le 19 juin 1970 dans une famille dont le destin épouse celui de l’histoire de l’Inde indépendante, à l’image des Bhutto au Pakistan. La dynastie des Nehru-Gandhi n’a aucun lien de parenté avec le Mahatma.
Rahul a 14 ans lorsque sa grand-mère Indira est assassinée par ses gardes du corps sikhs en 1984, 20 lorsque son père Rajiv est tué dans un attentat suicide en 1991.
Traumatisée par ces morts violentes, sa mère Sonia met des années avant de se laisser convaincre de reprendre les rênes d’un Congrès moribond à la fin des années 1990. Elle le ramène au pouvoir en 2004. Si elle refuse alors de devenir première ministre, elle n’en gouvernera pas moins son pays dans l’ombre pendant une décennie.
Légataire d’une dynastie politique qui remonte à Motilal Nehru (1861-1931), le jeune Rahul a étudié dans les plus prestigieuses écoles d’Inde avant de fréquenter Harvard et Cambridge. Il se jette dans le bain de la politique indienne en 2004 en se présentant dans la circonscription familiale d’Amethi, dans l’Uttar Pradesh (nord).
Manque de charisme
Ses longs séjours à l’étranger, sa discrétion médiatique et son manque de charisme nourrissent les doutes sur ses ambitions politiques. De nombreux commentateurs se demandent s’il a les qualités et les instincts de tueur nécessaires pour diriger l’Inde.
Perçu comme un héritier par défaut et comme un dilettante, moins populaire que sa soeur Priyanka, Rahul Gandhi est même décrit dans un télégramme diplomatique américain de 2007 comme un homme « sans consistance ».
Depuis la cuisante défaite aux législatives de 2014, qui ont vu l’accession au pouvoir du Gujarati Narendra Modi et du BJP, il semble cependant avoir pris du poil de la bête. On l’a ainsi vu ces dernières années multiplier les opérations médiatiques chocs comme faire la queue au distributeur pendant la démonétisation, ou se faire arrêter en tentant de forcer un blocus policier dans une région en proie à l’agitation d’agriculteurs.
« Rahul a-t-il changé ou est-ce nous qui le voyons différemment ? », s’interrogeait le mois dernier le magazine en ligne The Wire.