Documentaire sur France3 Nouvelle-Aquitaine à 0 h 20

De cendre et d'or
Durée : 06:01

Rémy Batteault est l’auteur de documentaires aux sujets variés et souvent singuliers : Charcuterie fine (2001), le premier d’une « trilogie charcutière », faisait le portrait de ses parents charcutiers ; Intégration à l’italienne, les Italorrains (2014) scrutait ce qu’était devenue, au fil des générations, l’importante immigration italienne en Lorraine.

En 2007, il réalisait deux films pour France 3 : Vivre et grandir, à propos du service de pédopsychiatrie des hospices de la Charité, à Beaune ; Voyage retour, au sujet du retour aux Antilles de Guadeloupéens et de Martiniquais qui avaient passé leur vie professionnelle en métropole.

On peut noter également des « nanodocumentaires » tournés à la demande de la designer Matali Crasset ou des fantaisies comme un cinquante-deux minutes chanté à propos de la comédie musicale. Ou encore un faux documentaire sur la présence martienne à Besançon pour les représentations du Cabaret martien de la chorégraphe Nathalie Pernette…

Son dix-septième opus est dévolu au travail fait pendant deux ans sur un projet d’opéra (d’après Cendrillon) par trois classes d’école primaire de Limoges. Un projet éducatif imposé, qui n’a pas fait l’unanimité. « Un opéra ? Je n’ai pas très envie, moi, c’est pas pour les jeunes », dit la jeune Lindsay…

Et pourtant, presque tous – enfants et parents – seront captivés par ce travail exigeant sous la guidance d’un chorégraphe et metteur en scène (Sergio Simon), d’une chanteuse (Eve Christophe), d’une compositrice (Sally Galet) et d’un librettiste (Thomas Gornet).

Véritablement transformés

Une plongée en milieu scolaire, un projet collectif et artistique, les mots d’enfant, les bouilles adorables et les cabotins en herbe : tout cela a un air de déjà-vu depuis le fameux film de Nicolas Philibert, Etre et avoir (2001), qui suivait la vie d’un instituteur et de sa classe unique, en Auvergne, pendant un an.

L’idée de monter un opéra en milieu enfantin a même été l’objet d’une mise en abyme dans Let’s Make an Opera (1949), de Benjamin Britten. Rien de nouveau donc – à première vue. Mais on ne peut qu’être touché par la manière dont certains écoliers, qui ne se voyaient décidément pas monter sur une scène ­lyrique, sont véritablement transformés par cette expérience musicale.

Les discussions de certains enfants avec leurs parents – dont Rémy Batteault a réussi, en se faisant oublier, à préserver le naturel – montrent combien un tel travail peut modifier le comportement individuel et collectif des élèves. La qualité de la musique de Sally Galet y aide aussi : ce qu’elle a proposé n’est en rien une suite de comptines et présente de nombreuses chicanes rythmiques et mélodiques…

« De cendre et d’or » / EBLOCH

La diffusion de cet excellent et touchant documentaire – hélas ! sur la seule chaîne régionale de France 3 Nouvelle-Aquitaine, et très tard dans la soirée, après « Fauteuils d’orchestre », l’émission d’Anne Sinclair, et le journal de la nuit – tombe à pic, au moment où le ministre de l’éducation nationale prescrit à nouveau la pratique chorale comme élément fédérateur.

La captation du spectacle à l’Opéra de Limoges a été parallèlement effectuée par France 3 Nouvelle-Aquitaine. L’idéal aurait été qu’elle soit associée à la diffusion du documentaire. Mais – autre regrettable incongruité – il faudra attendre le 23 décembre à 10 h 50 pour la voir.

De cendre et d’or, une odyssée musicale, de Rémy Batteault (Fr., 2017, 52 min). Diffusion sur France 3 Nouvelle-Aquitaine le 18 décembre après « Le Grand Soir 3 » et le lendemain, mardi 19 décembre, à 8 h 50. Et à la demande.