Justin Gatlin mord sa médaille d’or du 100 mètres lors des championnats du monde d’athlétisme à Londres, le 6 août 2017. / DAVID J. PHILLIP / AP

Contrôlé positif en 2001 puis en 2006, Justin Gatlin est revenu à la compétition aussi fort qu’avant, détrônant Usain Bolt en août 2017 pour devenir champion du monde du 100 mètres sous les sifflets du stade de Londres. Des journalistes du quotidien britannique The Daily Telegraph auraient-ils découvert par quel moyen l’Américain de 35 ans a réalisé cet exploit ?

Pour les besoins d’une enquête, ces journalistes se sont fait passer pour les membres d’une société de production réalisant un film sur l’athlétisme et cherchant à se procurer des produits dopants pour que leur acteur soit plus crédible dans le rôle.

Rencontrés sur le camp d’entraînement de Justin Gatlin en Floride, l’agent d’athlétisme Robert Wagner, agent occasionnel de Gatlin, et son entraîneur, Dennis Mitchell, champion olympique du 4 × 100 mètres en 1992 et contrôlé positif à la testostérone en 1998, ont proposé d’injecter eux-mêmes des produits dopants à l’acteur. Ils ont proposé un protocole à base de testostérone et de l’hormone de croissance, contre un paiement de 250 000 dollars (212 000 euros environ).

Lors des conversations filmées en caméra cachée, Robert Wagner affirme que Justin Gatlin se dope comme tous les autres sprinteurs américains. « C’est ce qu’on fait tous les jours, c’est ce qu’on fait dans l’athlétisme. (…) Ils sont obligés de le faire », affirme l’agent autrichien.

A l’inverse, Dennis Mitchell déclare dans ces conversations privées que ses athlètes ne prennent aucun produit dopant.

Wagner et Dennis Mitchell expliquent tous deux que certains produits dopants sur le marché, des stéroïdes de synthèse, sont indétectables par les laboratoires antidopage. Le temps que ces derniers développent un test valide scientifiquement, les sportifs les plus fortunés sont déjà passés à un autre produit indétectable.

Dans une réponse au Telegraph, Justin Gatlin a annoncé s’être séparé de Robert Wagner, qui ne travaillait avec lui qu’occasionnellement, et de Dennis Mitchell. Il a démenti la prise de produits dopants.

L’Unité d’intégrité de l’athlétisme (UIA), agence indépendance de la Fédération internationale d’atlétisme (IAAF), a ouvert une enquête visant Gatlin, Mitchell et Wagner. L’Agence américaine antidopage (Usada) a fait de même. Le président de l’IAAF, Sebastian Coe, a affirmé que « ces accusations [étaient] extrêmement graves ».

Robert Wagner se défend en affirmant avoir joué le jeu pour apparaître crédible et obtenir cet important « contrat ». L’agent autrichien dit également avoir prévenu l’UIA en novembre de ces conversations.