La grande vague des expositions de la rentrée touche à sa fin. En voici dix qu’il serait dommage de rater, à Paris ou en région. Par ordre de disparition.

  • « Le Massacre des Innocents » au Musée Condé, à Chantilly

« Le Massacre des Innocents » (vers 1627-1628), de Nicolas Poussin, huile sur toile. / RMN/GRAND PALAIS/MICHEL URTADO

Au-delà de l’épisode biblique, le massacre des Innocents évoque les victimes civiles de toutes les guerres. En peinture, c’est un sujet que Nicolas Poussin (1594-1665) a magistralement fait sien. Le projet ici est de confronter ­son tableau à une trentaine d’autres versions, antérieures ­ou postérieures, dont Le Charnier, de Pablo Picasso. Pourquoi à Chantilly ? Parce que le duc d’Aumale, propriétaire du Poussin, avait spécifié dans son testament que ses collections ne pourraient être prêtées hors de la ville. www.domainedechantilly.com. Jusqu’au 7 janvier 2018.

  • « Performance ! » au Tripostal et à la Gare Saint-Sauveur, à Lille

« Attempt to Raise Hell » (1974), de Dennis Oppenheim. / DENIS OPPENHEIM/CENTRE POMPIDOU/MNAM-CCI

Une proposition tonique pour la fin de cette année marathon : ce « Performance ! » lillois vient en effet clore une série d’une soixantaine d’expositions égrénées à travers la France par le Centre Pompidou à partir de sa collection pour fêter son 40e anniversaire. Celle-ci est double, avec d’un côté, au Tripostal, une exploration d’un champ aux ramifications multiples – entre captations vidéo, scénographies et expériences sonores –, et une déambulation autour de la notion de jeu à la Gare Saint-Sauveur. www.lille3000.eu. Jusqu’au 14 janvier 2018.

  • « Etranger résident. La collection Marin Karmitz » à La Maison Rouge, à Paris

Vue de l’exposition « Etranger résident. La collection Marin Karmitz »  à la Maison rouge à Paris. / MARC DOMAGE

La Maison rouge, qui doit fermer ses portes en 2018, dévoile la collection assemblée par le producteur et fondateur des cinémas MK2, Marin Karmitz, dominée par la photographie en noir et blanc. A travers des centaines de visages d’anonymes et de sans-voix défile tout le siècle passé, de Varsovie à Hambourg ou New York. Autant de frères d’exil captés par l’objectif de Lewis Hine, Josef Koudelka, Gotthard Schuh, Stanislaw Witkiewicz, André Kertész ou Roy DeCarava. lamaisonrouge.org. Jusqu’au 21 janvier 2018.

  • « Les Forêts natales. Arts d’Afrique équatoriale et atlantique » au Musée du quai Branly-Jacques Chirac, à Paris

Masque anthropomorphe, non daté, bois peint au kaolin, plumes, Gabon, Afrique (57 × 38 × 58 cm). / MUSÉE DU QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC

Fleuves et forêts du Gabon, de la Guinée équatoriale, du Cameroun et du Congo ont vu défiler, dès le XIXe siècle, explorateurs, missionnaires, marchands et administration coloniale, tandis que de nombreux masques ou statuettes sont rapportées en Europe. Cette exposition participe à la réforme actuelle du regard sur l’art classique africain en donnant à voir et analyser quelque 400 œuvres pour l’histoire de la création elle-même, sans se contenter d’une rapide explication ethnologique. www.quaibranly.fr. Jusqu’au 21 janvier 2018.

  • « Medellin, une histoire colombienne » aux Abattoirs de Toulouse

« Horizontes » (« Horizons », 1913), de Francisco Antonio Cano, huile sur toile (95 x 150 cm). / MUSEO DE ANTOQUIA/MEDELLIN/COLOMBIE

Deuxième ville colombienne en nombre d’habitants après Bogota, Medellin est devenue le symbole de la violence dans laquelle guérillas, paramilitaires, narcotra­fiquants et armée ont plongé le pays. A l’heure de la pacification et dans le cadre de l’Année France-Colombie, cette exposition montre une autre facette de cette réalité : son empreinte durable sur la création artistique. Depuis les racines du conflit dans les années 1950 jusqu’à la riche scène actuelle, en phase avec le processus de paix. www.lesabattoirs.org. Jusqu’au 21 janvier 2018.

  • « Millet » au Palais des beaux-arts de Lille

« Le Bouquet de marguerites » (vers 1874), de Jean-François Millet, pastel sur papier beige et châssis entoilé (70,3 x 83 cm). / RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE D’ORSAY)/JEAN- GILLES BERIZZI

Cette rétrospective consacrée à Jean-François Millet (1814-1875), la première en France depuis plus de quarante ans, tient de la réhabilitation. L’Angélus y reprend sa juste place : l’exception religieuse d’une œuvre fondée sur l’observation de la vie paysanne. Dense, l’exposition montre tant ses toiles au réalisme méthodique que ses eaux-fortes et croquis plus nerveux, jusqu’à la révolution de la fin de sa vie, où Millet semble se libérer : sa peinture de campagne s’illumine et s’élargit. www.pba-lille.fr. Jusqu’au 22 janvier 2018.

  • « Le Jardin secret des Hansen » au Musée Jacquemart-André, à Paris

« Baigneuses » (vers 1895), de Paul Cézanne, huile sur toile. / MUSÉE JACQUEMART-ANDRÉ

C’est une exposition au Musée national du Danemark, en 1914, qui va déclencher leur passion pour l’art français d’avant-garde : le couple danois Wilhelm et Henny Hansen va dès lors constituer une collection exceptionnelle à ­Ordrupgaard, où il fait construire à la fois une villa et une galerie. Corot, Cézanne, Matisse, Monet, Pissarro, Sisley, Renoir, Morisot, Degas, Manet, Courbet, Gauguin : la sélection d’une quarantaine de leurs toiles alterne œuvres exemplaires et d’autres moins attendues. www.musee-jacquemart-andre.com. Jusqu’au 22 janvier 2018.

  • « Gauguin, l’alchimiste » au Grand Palais, à Paris

« Ahaoe feii ? » (« Eh quoi ! Tu es jalouse ? » 1892), de Paul Gauguin, huile sur toile (66,2 x 89,3 cm). / THE PUSHKIN STATE MUSEUM OF FINE ARTS, MOSCOU

Cette vaste exposition consacrée à Paul Gauguin (1848-1903), organisée avec l’Art Institute of Chicago et le Musée d’Orsay, n’est pas une rétrospective. Plutôt que sur la chronologie ou le sens de l’œuvre, l’accent est mis sur le processus de création de l’artiste, entre thèmes et motifs récurrents, de Pont-Aven à Tahiti, et son travail exploratoire sur la matière (peinture, sculpture, dessin, gravure, céramique…). www.grandpalais.fr. Jusqu’au 22 janvier 2018.

  • « André Derain, 1904-1914, la décennie radicale » au Centre Pompidou, à Paris

« Bateaux dans le port de Collioure » (1905), d’André Derain, huile sur toile (72 x 91 cm). / ADAGP, PARIS 2017

Moins célébré que ses contemporains et amis Picasso, Matisse et Braque, André Derain (1880-1954) n’avait pas été montré au long dans un musée français depuis plus de vingt ans. L’exposition retrace le parcours des dix années, jusqu’à la première guerre mondiale, au cours desquelles il est dans le changement perpétuel d’orientation, et joue un rôle majeur dans l’éclosion du fauvisme et du cubisme. www.centrepompidou.fr. Jusqu’au 29 janvier 2018.

  • « Irving Penn » au Grand Palais, à Paris

Irving Penn : « Three Asaro Mud Men » (« Trois hommes de boue Asaro »), Nouvelle-Guinée, 1970, épreuve au platine-palladium, 1976 (51,1 × 49,5 cm). / THE IRVING PENN FOUNDATION

Cette vaste rétrospective Irving Penn (1917-2009), conçue avec le Metropolitan Museum de New York, décline toutes les séries du photographe star du magazine Vogue : ses images de mode et ses portraits de personnalités, ses petits métiers, ses portraits d’anonymes en Amérique du Sud, ses nus tout en volumes et ses natures mortes sophistiquées. Toutes partagent la même rigueur et un minimalisme radical qui révèle ses sujets et rend sculpturaux jusqu’à de simples mégots. www.grandpalais.fr. Jusqu’au 29 janvier 2018.

Jusqu’au 7 janvier 2018, il est encore temps de découvrir également « Voyage d’hiver », une promenade poétique sur les mutations de la nature proposée dans les Bosquets du Château de Versailles par le Palais de Tokyo, la 14e Biennale de Lyon et « De Picasso à Séraphine, Wilhelm Uhde et les primitifs modernes » au LaM (Villeneuve-d’Ascq). Mais aussi à Paris « Monet collectionneur » jusqu’au 14 janvier au Musée Marmottan, qui présente la collection personnelle du peintre (Delacroix, Manet, Caillebotte, Cézanne…), et « Pop Art » au Musée Maillol, qui permet de découvrir une sélection d’une soixantaine d’œuvres du Whitney Museum de New York mêlant grands noms et artistes moins connus, notamment des femmes (jusqu’au 21 janvier 2018).