TV – « Notre petite sœur » : harmonie et douceur d’une famille recomposée
TV – « Notre petite sœur » : harmonie et douceur d’une famille recomposée
Par Franck Nouchi (Médiateur du « Monde »)
A voir aussi ce soir. Après « I Wish » et « Tel père, tels fils », Hirokazu Kore-eda poursuit son exploration des liens familiaux (sur Ciné+ Club à 20 h 45).
Notre petite soeur - Bande-annonce
Durée : 02:01
D’emblée, la caméra se fait enveloppante. Caressante. Un homme et une femme, allongés dans un lit. Merveilleux plan circulaire avec, entendu au loin, comme s’il les réveillait doucement, le bruit de la mer. Pour Sachi, la journée s’annonce particulière : avec ses deux sœurs, elle se rendra à l’enterrement de son père, qui les avait abandonnées, quinze ans auparavant. Lors de la cérémonie, mais elle ne le sait pas encore, elle fera la connaissance de Suzu, sa jeune demi-sœur. Une nouvelle fois, Hirokazu Kore-eda sonde les mystères des liens familiaux.
On pourrait songer aux Trois Sœurs, de Tchekhov. Il n’en est rien. Inspiré d’Umimachi Diary, un roman graphique de Yoshida Akimi, Notre petite sœur n’a rien de la noirceur de la pièce russe. Un jour, peut-être, « on saura pourquoi l’on vit, pourquoi l’on souffre », espèrent les trois sœurs. Les quatre jeunes filles de Kore-eda ne se posent guère ce genre de question. Elles vivent, tout simplement. En prenant soin les unes des autres. Et, miracle de ce film bouleversant, leur aptitude au bonheur, en dépit des vicissitudes de la vie, se révèle communicative.
Une arche de cerisiers en fleur
Il y a, dans Notre petite sœur, des plans à enseigner dans les écoles de cinéma. Un, parmi d’autres, en contre-plongée, lorsque, avec un camarade, Suzu file à vélo sous une arche de cerisiers en fleur. Cette fois, on en est certain, la petite orpheline est heureuse. Pleinement heureuse au sein de cette famille reconstituée autour d’elle.
Cette maîtrise cinématographique ne serait rien, s’il n’y avait ces quatre merveilleuses actrices. Quelques renseignements les concernant filtrent çà et là : Sachi (Haruka Ayase) travaille à l’hôpital, Yoshino (Masami Nagasawa) est conseillère dans une banque, Chika (Kaho) est vendeuse dans un magasin de sport. Quant à Suzu (Suzu Hirose), 14 ans, elle va au collège. Des amants par-ci, un aspirant petit ami par là, comme autant de fenêtres ouvertes sur l’extérieur, rien , pas même une histoire d’amour, ne semble capable de briser cette harmonie.
Elégance des actrices, des sentiments, de la mise en scène. Regardant jouer Suzu au bord de l’eau, ses trois sœurs ne peuvent s’empêcher de penser à leur père, dont elles ne savent presque rien sinon que la beauté l’émouvait. Un père qui leur a laissé le plus beau des cadeaux : leur petite sœur.
Notre petite sœur, de Hirokazu Kore-eda. Avec Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Suzu Hirose (Jap., 2015, 126 min).