Cinq drones qui vont changer la donne en 2018
Cinq drones qui vont changer la donne en 2018
Par Jean-Michel Normand
Le drone commence à se rendre indispensable auprès de certains professionnels.
Toujours aussi bien placé parmi les cadeaux de fin d’année, le drone commence — quoique plus discrètement — à se rendre indispensable auprès de certains professionnels. L’année qui s’ouvre promet de voir s’élargir son spectre, à la lumière des nouveautés apparues ces derniers mois et qui désignent les domaines où les drones pourraient modifier en profondeur certaines pratiques. Et, aussi, mettre en exergue des risques pour la protection des données. Cinq drones illustrent les principales mutations en cours.
- L’Hercules 5UF, de Drone Volt, un œil dans le ciel
Drone Volt
Le premier secteur économique qui promet d’être réellement concerné par les drones ne sera pas l’agriculture ou le bâtiment, grands consommateurs d’imagerie 3D, mais la sécurité. Les « supercaméras de surveillance volantes » déjà adoptées par les services de police pour superviser les manifestations ont été améliorées pour surveiller des territoires dits « sensibles ».
La société française Drone Volt exposait lors du dernier Salon Milipol son modèle Hercules 5UF (Unlimited Flight), un drone filaire relié à une station d’alimentation au sol qui peut rester suspendu à 80 m du sol en vol stationnaire pendant des heures. L’essentiel du contenu technologique se situe dans la « boule optronique » qu’il transporte. Elle comprend une caméra thermique, un Lidar (radar laser) et une caméra optique avec un zoom × 30.
Azur Drones, société française versée elle aussi dans les services sécuritaires, propose d’autres services comparables, certains efficaces jusqu’à 10 km. Les deux entreprises assurent que le chiffre d’affaires de leur département « services de sécurité » connaît une très rapide expansion, notamment pour l’exportation vers le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe orientale.
Il paraît que les gestionnaires de raffinerie ou de centrale nucléaire, les organisateurs de festival mais aussi les services de police et de gendarmerie chargés de détecter les infractions routières piaffent d’impatience…
- Le Spark, pour voler au doigt et à l’œil
DJI - Introducing Spark
Durée : 02:28
Tous ceux qui ont déjà fait voler un drone savent que les premiers pas sont les plus difficiles. Pour le Spark, lancé à la mi-2017 par le fabricant chinois DJI, l’apprentissage est plus aisé. Ce petit quadricoptère peut évoluer en suivant les mouvements que son pilote fait avec ses bras. Il prend un selfie lorsque celui-ci compose un rectangle avec le pouce et l’index de chaque main et revient vers son point de départ lorsque l’on forme un V avec ses bras.
Le Spark (à partir d’environ 500 euros), dont les fonctionnalités gestuelles vont devenir des standards, sacrifie également à l’autre grande hype du moment : le pilotage dit « à la première personne » ou « en immersion » avec des lunettes FPV (First Person View). Tous les fabricants de drones, Parrot notamment, proposent désormais des accessoires qui donnent l’illusion parfaite d’avoir embarqué à bord de son drone.
Précisons que le pilotage en FPV n’est pas autorisé (sauf pour ce qui concerne les courses de drones réalisées dans un cadre sécurisé). Cet accessoire, qui peut induire en erreur le pilote, est destiné à être porté par un « passager virtuel », ce qui permet de pratiquer ce loisir en duo.
- Le PopUp d’Airbus à la conquête de la ville
Le concept PopUp développé par Airbus. / AIRBUS
Le centre de style italien Italdesign et le groupe Airbus ont imaginé le PopUp, qui doit, à l’horizon 2030, donner corps à une utopie qui excite depuis longtemps l’imagination : échapper aux encombrements par la voie des airs.
Présenté lors du dernier Salon automobile de Genève, le projet Pop.up est un engin modulaire, mi-drone aérien mi-voiture autonome. Cet appareil à géométrie variable n’est pas seulement un concept spectaculaire, car il s’inscrit dans une perspective plus proche, celle de la conquête de l’espace urbain par les drones, aujourd’hui interdits de vol en agglomération.
A l’heure actuelle, tous les services postaux, les grands distributeurs et les services de messagerie — mais aussi Mercedes, qui a conçu des camionnettes porte-drones — multiplient les expériences in situ et investissent des sommes importantes pour ne pas manquer ce rendez-vous.
En parallèle, la NASA et les grands noms de l’aéronautique travaillent à des modes de régulation de l’espace aérien à basse altitude. On ne s’étonnera donc pas qu’Uber ait passé dès 2017 un accord avec un promoteur américain afin de disposer de pistes d’envol et d’atterrissage pour ses futurs drones taxis autonomes.
- Le drone DJI, agent infiltré ?
Un drone DJI. / © BOBBY YIP / REUTERS
Pour DJI, tout allait pour le mieux. Obsédée par la réussite d’Apple, la firme de Shenzhen, qui détient deux tiers du marché mondial du drone civil et foule aux pieds l’image du produit chinois high-tech de qualité quelconque, ne faisait que des envieux. Jusqu’à ce qu’en août l’armée américaine n’avise ses unités de la nécessité de ne plus utiliser les — nombreux — drones DJI auxquels les militaires recourent au quotidien pour leurs missions.
Les services américains de l’immigration et des douanes (ICE) soupçonnent les logiciels des drones DJI, accessibles par le biais d’une application, d’envoyer des informations sensibles à la Chine, selon le New York Times.
En novembre, on apprenait par ailleurs qu’un chercheur en sécurité informatique spécialisé dans les drones avait découvert que DJI avait laissé accessibles des informations confidentielles, susceptibles de permettre un « siphonnage » des données.
DJI a énergiquement protesté de sa bonne foi et a juré qu’il n’était pas l’œil de Pékin. Mais le doute s’est immiscé. Ces affaires dessinent une prise de conscience quant à la porosité potentielle du système de protection des informations recueillies par les drones. Les constructeurs de drones (et pas seulement de loisirs) vont devoir à l’avenir faire preuve d’une transparence accrue.
- Le drone sauveteur de Biscarrosse
A Biscarrosse, ces drones viennent en aide aux nageurs
Durée : 01:39
Pendant tout l’été 2017, un drone sauveteur s’est tenu prêt à décoller sur la plage de Biscarrosse, dans les Landes. Sa mission : se porter très rapidement au secours d’un nageur en lui lançant une bouée.
Plus largement, les drones sont en train de s’imposer comme un outil de plus en plus précieux pour les services de secours. Ils peuvent assister un nageur mais permettent aussi de relier hôpitaux et villages isolés en Afrique, offrent aux pompiers une vision à la fois plus large et plus précise des incendies (des drones militaires ont été appelés à la rescousse en décembre pour survoler les gigantesques feux en Californie) et aident les sauveteurs à déterminer les urgences lors de catastrophes naturelles.