Basket : Frédéric Forte, Limoges dans la peau
Basket : Frédéric Forte, Limoges dans la peau
Le président du CSP Limoges, dont l’histoire était intimement liée à celle de son club, est mort dans la soirée du 31 décembre à l’âge de 47 ans.
Frédéric Forte, le 20 juin 2015. / PASCAL LACHENAUD / AFP
Le monde du basket est en deuil. L’annonce de la mort brutale du président du CSP Limoges, Frédéric Forte, à l’âge 47 ans, dans la soirée du 31 décembre, a plongé tous les fans de balle orange dans une profonde hébétude. Mais surtout à Limoges, place forte du basket hexagonal, dont il a écrit les plus belles pages ces vingt-cinq dernières années, d’abord en tant que joueur, puis comme entraîneur et enfin comme dirigeant.
« Le CSP était une religion pour lui. Tout tournait autour du club. Comme il le disait, “le CSP sera encore là, bien après notre mort à tous” », a réagi sur LCI l’ancien pivot du club et actuel consultant pour SFR Sport, Frédéric Weis. Trois fois champion de France avec le Limoges Cercle Saint-Pierre (CSP), Frédéric Forte avait participé activement au sacre du club limousin en Coupe des clubs champions le 15 avril 1993 contre le Benetton Trévise, permettant aux Limougeauds de glaner le premier titre européen d’un club de basket français.
L’interception du siècle
Et son interception en fin de match sur le Croate Toni Kukoc est rentrée dans la légende. Alors que Limoges menait de deux points, Kukoc – qui rejoindra quelques semaines plus tard les Chicago Bulls de Michael Jordan – hérite du ballon à quelques secondes de la fin du match. Mais la star croate se fait voler le ballon par Frédéric Forte. « C’est l’interception du siècle. La carrière du meneur de jeu tricolore vient de basculer. Limoges était sur le toit de l’Europe, Forte au sommet de sa vie sportive », écrit Eurosport sur son site Internet. « The Brain » (« Le Cerveau »), l’un de ses surnoms, au physique (1,92 m pou 80 kg) assez banal pour un basketteur, était né.
Inoubliable.
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Après une première expérience compliquée à Limoges quand il n’avait que 18 ans, le Caennais de naissance retrouve le CSP en 1991 après un court passage à Gravelines. Il restera six ans dans le Limousin, où il va définitivement lancer sa carrière, notamment sous la houlette du coach serbe Bozidar Maljkovic. Le meneur de jeu évoluera par la suite au PSG-Racing, à Salonique (Grèce), à Strasbourg, ainsi qu’à Avellino et Scafati (Italie).
« Une grande perte »
C’est alors que commence la deuxième fructueuse carrière de Frédéric Forte. Il reprend les rênes du CSP en 2004 alors que le club est proche de la liquidation judiciaire et végéte en Nationale 1 (3e division) après des années de turpitude financière. Il sauve le club d’une disparition programmée et fait remonter le CSP dans l’élite, décrochant même deux titres de champion de France, en 2014 et 2015. Président omniprésent, voire omnipotent diront certains, Frédéric Forte avait encore de grandes ambitions pour son club et souhaitait « créer un modèle économique susceptible de compenser le retrait des collectivités publiques », explique L’Equipe dans son édition du jour.
Sa disparition laisse un grand vide dans le petit milieu du basket français et les hommages n’ont pas manqué pour saluer la mémoire de cet amoureux de la balle orange. « Trop jeune, trop tôt, injuste, dégueulasse. Je ne veux pas y croire. Monsieur Forte, du CBC à Limoges, merci pour tout », a notamment écrit le joueur de NBA Nicolas Batum sur son compte Twitter.
« Triste d’apprendre en début de soirée la disparition de Fred Forte. Une grande figure du basket français. Fred était courageux, entier, amoureux de son sport et fidèle à ses convictions. Pensée à sa famille, ses filles, ses amis et son club », a également réagi sur Twitter le président de la Fédération française de basket-ball, Jean Pierre Siutat. Le maire de Limoges, Emile-Roger Lombertie, a de son côté salué la mémoire d’un « homme sensible et engagé (…) C’est une grande perte pour le basket français, pour le sport en général et la ville de Limoges ». Quelques heures avant sa crise cardiaque, Frédéric Forte, qui utilisait les réseaux sociaux de façon presque compulsive, avait écrit cette sombre prémonition : « J’ai appris que le bonheur du jour pouvait ne pas passer la nuit. » Une phrase qui résonnera encore longtemps dans les esprits des fans limougeauds.