Plus de concours pour les kinés, mais une sélection toujours drastique
Plus de concours pour les kinés, mais une sélection toujours drastique
Par Françoise Marmouyet
Depuis la rentrée 2017, il faut valider une première année en Paces, en Staps ou en sciences pour espérer intégrer un institut de formation en masso-kinésithérapie.
En France, 47 établissements, publics ou privés, forment au métier de masseur-kinésithérapeute. / BenJam / CC BY 2.0
C’en est définitivement terminé du concours PCB (physique, chimie et biologie) pour intégrer un institut de formation en masso-kinésithérapie (IFMK). Depuis la rentrée 2017, la totalité des 47 établissements qui forment les futurs kinés les recrutent après une année de Paces (première année commune aux études de santé), une première année de licence en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) ou en sciences. Dès 1989, une expérimentation avait permis à plusieurs établissements de se passer de concours, mais c’est un arrêté de 2015 qui a imposé à tous les instituts de rentrer dans le rang en 2017.
« Cela met fin à une inacceptable sélection par l’argent », se réjouit Yann Plantade, élu de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK), dont c’était une revendication de longue date. Entre les frais d’inscription au concours – jusqu’à 150 euros, une manne pour certains IFMK, d’autant que le métier attire toujours plus de jeunes – et le coût d’hébergement, l’addition pouvait être salée pour les aspirants kinés qui tentaient parfois leur chance auprès de plusieurs établissements en France.
Surtout, les prépas kiné, souvent proposées par les IFMK, et parfois facturées jusqu’à 5 000 euros l’année, n’ont désormais plus lieu d’être. Cette année de prépa était par ailleurs perdue pour ceux qui échouaient au concours, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, puisque la totalité des étudiants sont engagés dans un cursus universitaire lorsqu’ils frappent à la porte des instituts.
80 % d’étudiants issus de Paces
La sélection demeure cependant très sévère, et le nombre de places est soumis à un numerus clausus. En 2017, ils étaient ainsi 2 756 à l’échelle nationale à pouvoir intégrer une école spécialisée. Si l’accès à la formation reste ouvert à trois spécialités, l’avantage revient à la Paces : chaque institut est tenu de recruter au moins 50 % de ses effectifs en première année d’études de santé. Le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK) estime qu’environ 80 % des étudiants kinés sont issus de Paces, 15 % de Staps et 5 % de sciences.
Les modalités de sélection varient selon les établissements, mais les étudiants de Staps ou de sciences doivent présenter d’excellents résultats dans leur licence. « Il ne faut pas se leurrer : les taux de réussite sont très faibles hors la Paces, qui est quand même la voie préparant le plus efficacement aux IFMK », estime Pascale Mathieu, présidente du CNOMK, qui s’inquiète par ailleurs du contournement du numerus clausus : comme en médecine, certains jeunes suivent des formations dans d’autres pays d’Europe pour obtenir un diplôme européen valable en France.
« Si la fin du concours réduit les inégalités financières entre les étudiants, reste à mettre fin aux disparités de frais de scolarité entre les instituts, qui sont complètement injustes », plaide Yann Plantade. Pour un même diplôme d’Etat délivré en quatre ans, les frais varient en effet de 184 à… 9 200 euros l’année – selon les instituts, publics, privés à but non lucratif ou privés à but lucratif. « Cela oblige nombre d’étudiants à contracter des prêts ou à trouver un job, ce qui nuit à leur réussite », insiste l’élu de la FNEK. Dans un rapport sur la question publié en février 2017, le syndicat des étudiants kinés réclame un meilleur financement public des instituts pour diminuer les coûts à la charge des étudiants.