A Bruxelles, les Européens répètent leur soutien à l’accord nucléaire avec l’Iran
A Bruxelles, les Européens répètent leur soutien à l’accord nucléaire avec l’Iran
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
Alors que Donald Trump pourrait décider de nouvelles sanctions, la « troïka » juge que le texte de 2015 garantit « la préservation de la paix »
Les ministres des affaires étrangères français, allemand et britannique, Jean-Yves Le Drian, Sigmar Gabriel et Boris Johnson, et la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, à Bruxelles, le 11 janvier. / FRANCOIS LENOIR/REUTERS
A la veille d’une possible décision de Donald Trump sur le rétablissement de sanctions économiques contre l’Iran, les responsables européens ont voulu redire, jeudi 11 janvier, leur soutien très ferme à l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec Téhéran, sous l’égide des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la Chine et de la Russie.
A l’issue d’une réunion convoquée à la hâte avec les ministres français, britannique et allemand des affaires étrangères, la haute représentante Federica Mogherini a déclaré que l’accord avec Téhéran « fonctionne ». « Il rend le monde plus sûr et empêche une course à l’armement nucléaire potentielle dans la région, a-t-elle indiqué après une rencontre de la « troïka » européenne avec le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif. Nous attendons de toutes les parties qu’elles continuent de pleinement mettre en œuvre cet accord. »
« Ce texte est essentiel et il n’a pas d’alternative », soulignait quant à lui le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, estimant qu’il n’existait pas, pour les Etats-Unis non plus, de « raison particulière » de le remettre en question. D’autant plus, enchaînait son homologue allemand Sigmar Gabriel, que la Corée du Nord tente d’acquérir un armement nucléaire et que la remise en question de l’accord avec l’Iran serait « un très mauvais signal » à envoyer au monde dans ce contexte.
D’autres questions, dont celle de la répression des manifestations qui ont touché le pays fin décembre-début janvier, ont-elles été abordées ? Le sujet des droits humains aurait bien été évoqué mais « isolé » du reste de la discussion, selon une source diplomatique. Les journalistes n’ont pu poser aucune question, ni sur ce sujet ni sur d’autres.
« Une forme de préservation de la paix »
Selon M. Le Drian, la réunion avec M. Zarif ne visait cependant pas à « cacher les désaccords » avec Téhéran sur son rôle dans la région ou son programme d’armement balistique. Quant au respect des droits et des libertés, le ministre a redit la « vigilance » de la France. Ces points doivent toutefois être découplés de la question nucléaire et d’un accord qui est « une forme de préservation de la paix », estime-t-il. Pour le ministre britannique Boris Johnson, c’est bien « en parallèle » qu’il convient d’aborder avec le pouvoir iranien le débat sur son rôle en Syrie, au Yémen, ou au Liban.
Les Européens, cornaqués par Mme Mogherini qui entend sauver un « deal » auquel elle a personnellement contribué, voulaient surtout afficher leur unité alors que Donald Trump pourrait mettre à mal dix ans de négociations ardues qui ont également impliqué la Russie et la Chine. Et ils entendaient convaincre, en outre, que la population iranienne bénéficiera, à terme, d’une amélioration de ses conditions de vie grâce à l’accord.
Le président américain doit indiquer prochainement – vendredi 12 janvier en principe – s’il renoue avec la politique de sanctions suspendue après le démantèlement d’installations d’enrichissement d’uranium notamment. Téhéran, soutenu aussi par Moscou, a promis des représailles.