Une partie de groupe de Pokemon Go à Hong Kong en août 2016. / ISAAC LAWRENCE / AFP

Voilà une idée qui devrait remplir les parents de perplexité. L’opérateur Prixtel lance, mercredi 24 janvier, Blu, une nouvelle offre de téléphonie mobile entièrement gratuite, financée par la publicité. « Dans les télécoms, nous vendons la même chose depuis 15 ans, quel que soit l’âge du public. Avec Blu, nous créons la rupture en visant les 15-25 ans », explique David Charles, le fondateur de la PME installée à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Contrairement à un forfait téléphonique classique ou à une carte prépayée, le consommateur doit donner de son temps et de son attention aux annonceurs pour pouvoir téléphoner, envoyer des SMS ou naviguer sur Internet. « Nous faisons gagner des éclairs. C’est la monnaie virtuelle de Blu. Le client peut, par exemple, regarder des publicités, tester des applis, répondre à des sondages, etc. », détaille M. Charles.

Un équilibre économique à 200 000 utilisateurs

En fonction du nombre de points gagnés, le consommateur choisit différentes options. Avec 7 000 « éclairs », il peut accéder pendant trente jours à 10 gigas de données, ou opter pour une offre mixte comprenant cinq heures de conversations, des SMS illimités et deux gigas de données. Pour une telle offre, le client doit, par exemple, répondre à trois sondages de 15 minutes chacun, parrainer deux amis et tester quatre applications. En moyenne, le client doit consacrer entre une heure et une heure et demie par mois à ces actions, affirme le PDG.

« Les jeunes sont déjà habitués à regarder de la publicité pour accéder à des contenus », dit le fondateur de Prixtel.

Potentiellement alléchante pour des jeunes désargentés, l’offre séduira-t-elle des parents désemparés face à une progéniture accro à Snapchat et à Instagram ? « De toute façon, la réalité, c’est que les jeunes sont déjà habitués à regarder de la publicité pour accéder à des contenus », se défend le fondateur de Prixtel, prenant l’exemple de ses propres pré-ados, prêts à regarder des publicités insérées dans le jeu vidéo sur mobile à succès Clash of Clans pour obtenir des objets supplémentaires ou passer plus rapidement les étapes. « Là, au lieu de jouer à “Candy Crush” dans les transports, ils n’auront qu’à jouer à son équivalent sur Blu. Nous ne faisons que monétiser (commercialiser) des usages qui existent déjà », poursuit le patron, se référant à Google ou à Facebook, dont les modèles reposent sur la publicité.

Lancée en version bêta (test) en juin dernier, Blu a déjà conquis 50 000 utilisateurs. « C’est dix fois plus que ce l’on pensait », se félicite le patron, qui vise 100 000 aficionados supplémentaires cette année. L’équilibre économique est fixé à 200 000 utilisateurs, un objectif qu’il s’est fixé pour la mi-2019.

« En passant devant un magasin, vous serez repéré »

Logiquement, les premiers annonceurs sont essentiellement des éditeurs de jeux « freemium » (gratuit au début, payant ensuite), qui cherchent à enrichir leurs communautés de joueurs. Ces prochains mois, de grands comptes tels que la SNCF, Sephora ou McDonald’s devraient apparaître sur Blu. « En passant devant un magasin, vous serez repéré. Si vous entrez et achetez quelque chose, cela fait gagner des éclairs », poursuit le PDG, qui perçoit de la part de l’annonceur 40 centimes à chaque fois qu’un membre de la communauté télécharge une application, et plus d’argent en fonction des actions menées.

Pour accéder à Blu, pas besoin de se rendre dans une boutique. Le fondateur de Prixtel part du principe que les jeunes font tout en ligne. Il suffit donc de télécharger l’application disponible dans Google Play, la boutique d’applications Android de Google et d’enregistrer son adresse postale. L’utilisateur reçoit alors une carte SIM et le service est directement activé, grâce à un forfait de 2 000 éclairs accordés en guise de bienvenue. L’appli ne devrait pas être disponible sur Apple avant la fin de l’année, le temps que Prixtel adapte son principe. Plus contraignant que Google, Apple exerce un contrôle plus strict et n’autoriserait pas, par exemple, le mur d’applications proposé par Blu.

Créé il y a douze ans, Prixtel est un opérateur mobile virtuel, qui s’appuie sur les grands opérateurs nationaux Orange et SFR. L’offre Blu repose, elle, uniquement sur SFR, dont les offres de gros sont moins onéreuses qu’Orange. « Ce n’est pas du low cost, car nous nous basons sur un réseau de qualité », conclut M. Charles.