Panique sur le bitcoin : la Corée du Sud pense à interdire l’échange de cryptomonnaies
Panique sur le bitcoin : la Corée du Sud pense à interdire l’échange de cryptomonnaies
Par Sidahmed Chikhbled
L’annonce de Séoul a fait baisser de près de 12 % le cours de la devise virtuelle.
A Hongkong, le 11 janvier. / Kin Cheung / AP
Nouveau coup de froid pour le bitcoin. La monnaie virtuelle a plongé de 12 %, jeudi 11 janvier, à 14 000 dollars (11,6 milliards d’euros), portant à 30 % sa baisse depuis son plus haut, en décembre 2017, après que la Corée du Sud a annoncé qu’elle envisageait d’interdire l’échange de l’ensemble des cryptomonnaies sur son territoire. « Il y a de grandes inquiétudes au sujet des monnaies virtuelles et le ministère de la justice prépare une loi » en ce sens, a annoncé le ministre sud-coréen, Park Sang-ki. D’autres devises virtuelles, comme l’ether ou le litecoin, ont aussi été affectées, avec des chutes de respectivement 15 % et 13 %.
L’annonce a fait un choc dans un pays qui s’est pris de passion pour ces devises virtuelles : 20 % des transactions mondiales passent par la Corée du Sud. Devant le tollé suscité par ces propos – les investisseurs ont inondé le site Internet du palais présidentiel sud-coréen de courriels –, le gouvernement a assuré que la fermeture n’était qu’« une des mesures envisagées par le ministère de la justice ».
Les nuages s’accumulent
Les nuages s’accumulent sur le bitcoin. La déclaration du ministre sud-coréen intervient après celle du gouvernement chinois, qui menace d’interdire les fermes de minage, gigantesques hangars qui permettent de fabriquer des bitcoins. Or la Chine fournit plus de 70 % de la puissance informatique mondiale nécessaire pour la production et l’échange de la devise dans le monde.
Pekin voit d’un mauvais œil la prolifération des mineurs sur son territoire. Les perspectives d’un blanchiment d’argent de masse par le biais des monnaies virtuelles et d’une spéculation incontrôlable sont les principales raisons de la méfiance de la Chine. L’aspect énergétique a aussi incité les autorités à se pencher sur la monnaie virtuelle, car ces fermes utilisent une quantité d’électricité phénoménale. A tel point que la compagnie d’électricité Sichuan a décidé d’interdire à ses centrales électriques de fournir l’électricité indispensable aux fermes de minage.
Un engouement qui ne risque pas de faiblir
Pour les mineurs, c’est toute une économie parallèle qui risque de s’effondrer. Le Bitcoin Energy Consumption Index estime que les profits générés chaque année par cette activité de minage seraient de l’ordre de 12,6 milliards de dollars (10,5 milliards d’euros) dans le monde…
Néanmoins, l’engouement dont profitent les cryptomonnaies ne risque pas de faiblir de sitôt. La messagerie Telegram voudrait créer sa propre cryptomonnaie, « gram », pour permettre à ses 180 millions d’utilisateurs de payer en utilisant sa plate-forme. L’ancien géant de la photographie Kodak a, lui aussi, décidé de lancer sa monnaie virtuelle, le kodakcoin, en s’appuyant sur une interface destinée aux photographes. A la suite de cette annonce du mardi 9 janvier, l’entreprise a vu son titre grimper de 240 % en Bourse en deux jours. La fièvre n’est pas prête de retomber.