Douze films sont au programme du Mawjoudin Queer Film Festival, le premier festival cinématographique queer en Tunisie, du lundi 15 au jeudi 18 janvier, à Tunis. Organisé par Mawjoudin, une association tunisienne qui défend les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), ce festival veut, à travers l’art, faire une place aux minorités sexuelles et défendre leurs droits, dans une société où l’homosexualité reste illégale et réprouvée.

Cet événement prévoit la diffusion de courts-métrages de quinze à vingt minutes, réalisés en Tunisie et dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Ils parlent « de sexualité, d’identité et de l’expression du genre », affirme à l’AFP Senda Ben Jebara, membre de l’organisation. Le message est que « nous sommes différents mais que la différence est la bienvenue ici », ajoute-t-elle.

« A travers ce festival, nous voulons donner un espace aux gens queer en général pour échapper à la pression sociale et pouvoir s’identifier à quelque chose, trouver un moyen de s’exprimer, poursuit Mme Ben Jebara. Nous nous battons non seulement au niveau légal mais aussi à travers l’art. » Pour Mourad, un étudiant de 21 ans venu assister à une projection, cet espace « permet de rassembler les personnes jugées différentes et de renforcer la communauté LGBT ».

Une webradio

Depuis la révolution de 2011, les militants LGBT sont sortis de l’ombre en Tunisie, mais leur condition reste très précaire du fait d’un rejet social encore violent et d’une législation hostile. L’article 230 du Code pénal condamne ainsi l’homosexualité d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison.

En décembre 2017, une webradio destinée à la communauté LGBT, la première du genre dans le monde arabe, a vu le jour en Tunisie pour défendre les droits des minorités sexuelles. Lancée par l’association Shams, l’un des porte-drapeau de la communauté LGBT dans le pays, Shams Rad vise, selon son directeur Bouhdid Belhadi, « à sensibiliser citoyens ordinaires et décideurs politiques à l’homophobie de la société et à défendre les libertés individuelles ». Mais la radio a été assignée en justice et une procédure est en cours visant à sa fermeture.

Aucune abrogation de l’article 230 n’est à l’ordre du jour. Elle « n’aura pas lieu », avait assuré en 2015 le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, lors d’un entretien avec une chaîne de télévision égyptienne.