« L’Enfant de Goa » : en Inde, l’horreur dans les plantations
« L’Enfant de Goa » : en Inde, l’horreur dans les plantations
Par Mathieu Macheret
Ce premier long-métrage dénonce maladroitement le sort atroce d’immigrés exploités.
Dans le village de Borimbol, à proximité de Goa, en Inde, Santosh, un adolescent de 16 ans, vit au côté de sa grand-mère sous la férule de Juze, un propriétaire terrien et marchand de sommeil qui les emploie dans sa plantation d’anacardiers, parmi toute une population immigrée constituant une main-d’œuvre à bas prix. Mais Santosh multiplie les entorses aux ordres pour se rendre en cachette à l’école et passer ses examens. Bientôt dénoncé, le garçon et son aïeule ne tardent pas à subir les représailles du tyran.
Ce premier long-métrage de Miransha Naïk, jeune réalisateur indien originaire de Goa, entend mettre en lumière cette exploitation quasi féodale des plus démunis comme l’envers honteux d’une région au tourisme florissant, dont les plages paradisiaques, accueillant bon nombre d’Occidentaux, s’étendent non loin de là à perte de vue. Mais sa rhétorique dénonciatrice est d’une telle littéralité que le film se réduit vite à un pénible catalogue d’atrocités – passages à tabac, humiliations, sévices sexuels, tout y passe. Les personnages et les situations qu’ils traversent sont voués à servir mécaniquement un propos, sans jamais avoir l’occasion d’exister pour eux-mêmes.
La mise en scène, quant à elle, oscille entre plans fixes et travellings, dans une sorte d’indolence maladroite, ne prenant aucune mesure des événements souvent terribles qu’elle décrit. Certaines scènes montrant Santosh – et le jeune acteur qui l’incarne – dans des actes de prostitution infantile, se présentent avec une frontalité esthétisante qui suscite un sérieux embarras. On ne comprend pas, au moment de filmer des actes aussi graves, comment le réalisateur a pu faire preuve d’une telle inconséquence. Et l’on regrette que le « vouloir dire » l’emporte ici sur le « savoir montrer ».
Film indien, hollandais et français de Miransha Naïk. Avec Rushikesh Naïk, Sudesh Bhise, Prashanti Talpankar, Gauri Kamat (1 h 34). Sur le web : www.sddistribution.fr, www.facebook.com/sophiedulacdistribution