En Polynésie française, Gaston Flosse veut faire son retour
En Polynésie française, Gaston Flosse veut faire son retour
Par Mike Leyral (Papeete, Polynésie française, correspondance)
L’ancien président du gouvernement de la Polynésie française a été condamné à une période d’inéligibilité mais voudrait se présenter aux élections territoriales en avril.
Gaston Flosse pourra-t-il être candidat, comme il en a manifesté l’intention, aux élections des représentants à l’Assemblée de la Polynésie française dont le premier tour est fixé au 22 avril ? Selon le parquet général, sa période d’inéligibilité – il a été condamné le 25 février 2016 à dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics – court jusqu’en juillet 2019, du fait du cumul de plusieurs peines successives. Ses avocats estiment qu’il redeviendra éligible à partir du mois de mars.
L’ancien président de la Polynésie française a été entendu jeudi 18 janvier par la présidente du tribunal de première instance de Papeete. Elle rendra son délibéré le 24 janvier.
Le « Vieux Lion », âgé de 86 ans, n’a aucunement l’intention de décrocher. Il tient à mener lui-même la liste de son parti, le Tahoeraa Huiraatira, aux élections territoriales. M. Flosse connaît bien le palais présidentiel de Papeete : c’est lui qui l’a fait construire. Il a été le premier président du gouvernement de la Polynésie française, en 1984, une fois qu’elle est devenue autonome. Sept fois élu président, il a dirigé la Polynésie pendant dix-sept ans au total, mais n’a pu achever aucun de ses trois derniers mandats.
Un prêt miraculeux de 4,2 milliards d’euros
Cofondateur du RPR avec Jacques Chirac, dont il était très proche, il a été secrétaire d’Etat dans son gouvernement entre 1986 et 1988 et plusieurs fois été élu député puis sénateur. Il s’est toujours posé en rempart contre l’indépendance, prônée par Oscar Temaru, son principal adversaire politique depuis quarante ans. Mais la domination de « Metua » – « père » en tahitien –, un autre de ses surnoms, sur la vie politique locale a souvent été contestée par des « fidèles » issus de son propre parti.
Aujourd’hui, c’est son ancien numéro deux et ex-gendre, Edouard Fritch, qui préside la Polynésie depuis qu’une précédente peine d’inéligibilité l’a contraint à renoncer au pouvoir en 2014. Les deux hommes sont désormais brouillés. Le dauphin est à présent maire de Pirae, le fief historique de M. Flosse, et candidat à sa propre succession à la présidence de la Polynésie. Il part favori pour les prochaines territoriales.
Malgré ses multiples condamnations, une partie de l’électorat polynésien reste cependant fidèle au tribun. Qui ne manque pas d’arguments. Il annonce ainsi qu’un homme d’affaires d’Abou Dhabi lui consentirait un prêt miraculeux de 4,2 milliards d’euros, qui lui permettrait de reconstruire les aéroports de Tahiti et de Bora Bora et de doter l’archipel de nouvelles infrastructures. « La caverne d’Ali Baba, ça n’existe plus », a rétorqué M. Fritch.