Javier Pastore, le 12 janvier, à Saint-Germain-en-Laye / CHRISTOPHE SIMON / AFP

En phase de reprise, Javier Pastore pourrait disputer son premier match de l’année, dimanche 21 janvier, sur la pelouse de l’Olympique lyonnais, en clôture de la 22e journée de Ligue 1. Cantonné à un rôle de remplaçant depuis plusieurs saisons, le joueur argentin de 28 ans vient tout juste de réintégrer l’effectif du Paris-Saint Germain après une rentrée tumultueuse. Au sortir de la trêve hivernale, el « Flaco » (le « maigre ») et son coéquipier uruguayen Edinson Cavani sont rentrés de congés avec plusieurs jours de retard.

Ce délai a fait couler beaucoup d’encre au Camp des loges, le centre d’entraînement du PSG. Si Cavani a d’abord polarisé les regards, Pastore s’est ensuite retrouvé en première ligne. Et ce bien malgré lui. Le 10 janvier, après la victoire (2-0) de la formation de la capitale à Amiens, en quarts de finale de la Coupe de la Ligue, le capitaine parisien Thiago Silva allume la mèche en évoquant le cas de l’Argentin devant une grappe de journalistes. « Pastore, je crois qu’il a dit au club qu’il voulait partir mais, à la fin, ils n’ont pas trouvé d’accord », lâche alors le défenseur brésilien.

La réponse de l’intéressé, dont la compagne est enceinte, ne tarde pas. « Je n’ai jamais mis la pression à personne. Ce n’est pas mon style. Thiago Silva n’a pas eu connaissance du problème que j’ai eu et qui m’a fait arriver en retard, a répliqué Pastore sur son compte Instagram. Je répète : mon rêve a toujours été de partir le dernier. J’ai toujours été loyal. Ce n’est pas vrai que je souhaite partir ! J’aimerais rester ici pour finir ma carrière. »

Statut particulier

Dans ce contexte électrique, cette sortie teintée d’indignation renvoie au statut particulier du natif de Cordoba, élément le plus ancien de l’effectif parisien et surtout première star recrutée par les dignitaires du fonds Qatar Sports Investments (QSI). Enrôlé à prix d’or (42 millions d’euros) en août 2011, soit deux mois après le rachat du club par l’émirat gazier, il venait alors de céder aux sirènes du Brésilien Leonardo, nouveau directeur sportif du PSG. « Il m’a convaincu car je n’ai pas encore gagné de titre dans ma carrière », confiait, en 2012, Pastore au Monde.

Depuis, son armoire est garnie de trophées. Avec douze titres dans son escarcelle, Pastore fait aujourd’hui montre d’une fidélité sans faille malgré un temps de jeu réduit (15 matchs disputés cette saison). Sous contrat jusqu’en juin 2019, bénéficiant d’un salaire mirobolant (770 000 euros brut mensuels), l’international argentin (29 sélections) ne devrait ainsi pas faire partie des joueurs vendus lors du mercato hivernal (1er-31 janvier) alors que le PSG doit alléger sa masse salariale et dégager 75 millions d’euros de revenus d’ici à juin afin d’échapper aux sanctions de l’Union des associations européennes de football (UEFA), dans le cadre du fair-play financier.

Pourtant, des rumeurs insistantes envoyaient cet hiver Pastore en Série A italienne, championnat où il a évolué durant deux saisons (2009-2011), à Palerme. Son agent historique, Marcelo Simonian, a d’ailleurs rencontré récemment les dirigeants de l’Inter Milan. Mais, selon l’impresario, les pourparlers ne devraient pas aboutir à un accord même si le joueur souhaite gonfler son temps de jeu pour réintégrer la sélection argentine dans l’optique de la Coupe du monde, en Russie. En méforme, il n’avait pas été convoqué pour l’édition 2014, au Brésil. Fragilisé par ses difficultés en club.

Litanie de blessures

Couvé par l’entraîneur italien Carlo Ancelotti (2012-2013), apprécié puis snobé par son successeur Laurent Blanc (2013-2016), Pastore a vu son étoile pâlir au PSG depuis l’avènement de l’Espagnol Unai Emery, sensible à la technique léchée de l’Argentin mais guère convaincu par ses prestations. De surcroît, le règne du trident offensif Neymar-Cavani-Mbappé n’a pas contribué à améliorer la situation du numéro 27 parisien, dont le nom a été acclamé, le 20 décembre, par les spectateurs du Parc des Princes. « Pastore, à Paris ! », pouvait-on entendre dans les travées du stade, ce soir-là.

C’est tout le paradoxe de cet artiste incompris, au jeu esthétique, dont l’envol a été foudroyé au gré des pépins physiques à répétition. L’Equipe a dénombré dix-sept blessures, plus principalement au mollet, depuis son arrivée au PSG. Cette litanie a connu son apogée entre 2015 et 2017, une période particulièrement sombre pour le joueur, qui disparaît alors quasiment de la scène.

A son arrivée dans la capitale, Pastore avait pourtant pleinement assumé son statut de porte-drapeau du projet qatari. Auteur d’une première saison brillante (33 matchs, 13 buts en Ligue 1), le dribbleur s’était ensuite littéralement évaporé, devenant la tête de Turc des spectateurs du Parc des Princes, s’attirant sans ciller les sifflets et les sarcasmes.

« Je resterai ici jusqu’à ce que l’on gagne la Ligue des champions »

Malgré ses serments de fidélité, les observateurs ne voient guère Pastore, barré par la concurrence, finir sa carrière au PSG. « Il est très impliqué et cela me plaît. (…) Il est important pour nous », a martelé, en décembre, Unai Emery, opposé à un départ de son « joker de luxe ».

L’œil rivé sur les huitièmes de finale de Ligue des champions programmés contre le Real Madrid, les 14 février et 6 mars, l’entraîneur espagnol est d’autant plus soucieux de conserver l’Argentin qu’il va devoir faire tourner son effectif dans les prochaines semaines.

La Ligue des champions apparaissait d’ailleurs comme un argument-massue pour Pastore, désireux de remporter le tournoi avec le PSG après cinq campagnes européennes infructueuses, avec à la clé quatre éliminations en quarts et la débâcle historique (6-1) face au Barça, en huitièmes, en mars 2017.

« J’ai dit à Nasser (Al-Khelaïfi, le président du PSG), le jour où j’ai signé mon contrat à Paris : je resterai ici jusqu’à ce que l’on gagne la Ligue des champions, assurait, en 2014, Pastore à l’Equipe. C’est une parole que j’ai donnée et que j’entends respecter. » Reste à savoir si ce pacte tient toujours.