L’essentiel

  • La Turquie et ses alliés, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), ont lancé une offensive militaire, ce week-end, dans la région syrienne d’Afrin, contre les Kurdes syriens du Parti de l’union démocratique (PYD) qui la contrôlent ;
     
  • L’incursion de troupes turques au sol, précédée de frappes aériennes, vise, selon Ankara, à établir une zone tampon de 30 kilomètres dans cette région frontalière de la Turquie ;
     
  • La Turquie considère que le PYD et son bras armé, les Unités de protection du peuple (YPG), sont une menace à sa sécurité en raison de leur proximité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, en guerre contre les forces turques depuis 1984 ;
     
  • les YPG coopèrent aussi avec la coalition arabo-occidentale au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), le fer de lance de la lutte contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI).

Le contexte

Avec cette offensive, la Turquie souhaite mettre en place une « zone de sécurité » d’une profondeur de 30 kilomètres à partir de sa frontière avec la Syrie. Sur 911 kilomètres de frontière, 600 sont en effet tenus par les Kurdes syriens du PYD. La principale crainte des Turcs est de voir, à l’est, la région d’Afrin et celle de Kobané former une continuité territoriale avec le Rojava, soit les terres conquises par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, et achever ainsi le « corridor kurde ».

Les forces kurdes se défendent. Leurs unités ont tiré plusieurs roquettes sur Reyhanli, la ville turque de la région du Hatay, de l’autre côté de la frontière.

Jeu d’alliances

L’offensive a été condamnée par la coalition internationale, menée par les Etats-Unis, contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI). Considérés comme « terroristes » par Ankara, les kurdes du PYD sont en effet majoritaires dans l’alliance entre combattants kurdes et syriens des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui lutte avec la coalition.

Mi-janvier, Washington avait annoncé la création d’une force frontalière en Syrie de 30 000 hommes, notamment composée de combattants kurdes. Une annonce qui avait provoqué la colère de M. Erdogan et précipité l’offensive d’Afrin. Dimanche, le département d’Etat américain a enjoint aux autorités turques de s’assurer que les opérations militaires restent « d’une portée et d’une durée limitées ».

Promise de longue date par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, l’opération n’aurait par ailleurs pas été possible sans le consentement de la Russie, maîtresse des airs dans la région et qui disposait sur place de plusieurs centaines de soldats, évacués précipitamment, samedi 20 janvier. Le PYD a affirmé qu’il allait « tenir la Russie pour responsable de ces attaques au même titre que la Turquie ».

La citation

« La question d’Afrin sera réglée, il n’y aura pas de marche arrière. »

Promise de longue date par le président turc Recep Tayyip Erdogan et lancée dans un intense battage médiatique, l’opération baptisée « Rameau d’olivier » n’aurait pas été possible sans le consentement de la Russie, maîtresse des airs dans la région.

L’infographie

Infographie / Le Monde

Les forces en présence en Syrie, au 22 janvier.

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