Arrivée de Hyon Song Wol, chef d’une délégation nord-coréenne qui séjournera deux jours au Sud pour préparer les événements culturels nord-coréens qui se dérouleront pendant les JO. / Kim In-chul / AP

L’ouverture, dimanche 21 janvier, de la frontière séparant les deux Corées – l’une des plus militarisées du monde, truffée de champs de mines et fermée par des grillages et des barbelés – pour permettre le passage d’une délégation de sept personnalités nord-coréennes est un nouveau signe de la détente qui se dessine dans la péninsule à la faveur des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang. Cette délégation séjournera deux jours au Sud pour préparer les événements culturels nord-coréens qui se dérouleront pendant les JO.

Les médias sud-coréens se sont surtout focalisés avec la frénésie accordée généralement aux stars de la K-Pop (pop sud-coréenne) sur la chef de cette délégation : la chanteuse Hyon Song-wol, la plus célèbre pop star nord-coréenne. A son arrivée à la gare de Séoul pour prendre le train en direction du site des JO, elle a été accueillie par une nuée de journalistes et de curieux.

Une des artistes les plus célèbres en République populaire démocratique de Corée (RPDC), Hyon Song-wol, âgée d’une trentaine d’années, est une figure influente du domaine musical. Elle dirige l’orchestre Samjiyon et le fameux groupe féminin Moranbong créé en 2012 sur instruction personnelle du dirigeant Kim Jong-un. Colonel dans l’armée populaire, elle a été nommée membre suppléant du comité central du Parti du travail en octobre 2017.

Liaison supposée

Composé d’une dizaine de chanteuses et musiciennes portant mini-jupes, vareuses blanches à brandebourg et casquettes de style militaire, jouant avec talent de la guitare électrique et du violon, le groupe Moranbong, dont on voit en boucle les concerts à la télévision et dans les avions de la compagnie nationale, est très populaire, en particulier dans le public féminin. Sa chorégraphie, un brin sexy, tranche avec les opéras révolutionnaires et son répertoire va des succès américains comme My Way aux chansons de propagande telles que Nous pensons jour et nuit au maréchal. Le grand succès personnel de Hyon Song-woo est la chanson La fille chevauchant un coursier, ode à une ouvrière aussi courageuse qu’infatigable.

North Korean Moranbong Band - 보란듯이 - With Pride (English Translation) - Com Orgulho
Durée : 03:22
Images : YouTube

En août 2013, Hyon Song-wol avait été l’objet de l’une de ces rumeurs dont s’empare avec délice la presse sud-coréenne, qui avait annoncé qu’elle avait été exécutée, ajoutant qu’elle aurait été la maîtresse du jeune dirigeant avant son mariage avec une autre artiste, Ri Sol-ju. En fait, elle réapparut un an plus tard dans un spectacle télévisé, mais le bruit autour de sa supposée liaison avec le dirigeant avait courroucé Pyongyang, qui y avait vu « une atteinte à la dignité du dirigeant suprême ».

A la veille de la venue de la délégation pour les JO, des médias sud-coréens ont continué à présenter Hyon Song-wol comme une ancienne « girlfriend » du dirigeant, au point que des commentateurs se demandent si ce n’est pas une raison expliquant l’arrivée avec un jour de retard de la délégation sans qu’aucune explication n’ait été fournie. Les autorités sud-coréennes ont demandé aux médias d’éviter de spéculer sur ce qui se passe au Nord pendant les Jeux.