Les violences n’en finissent plus au Nicaragua, secoué depuis trois mois par des manifestations réprimées dans le sang, qui ont causé la mort de centaines de personnes. La ville rebelle de Masaya était, mardi 17 juillet au matin, la cible de tirs nourris provenant des forces progouvernementales, a annoncé l’Eglise catholique de ce pays.

« Ils attaquent Monimbo [un quartier de Masaya] ! Les balles atteignent la paroisse de Marie-Madeleine, où le prêtre s’est réfugié », a écrit sur Twitter l’évêque auxiliaire de Managua, Silvio Baez, appelant le président nicaraguayen, Daniel Ortega, à « arrêter ce massacre ».

Cette opération, baptisée par l’opposition « opération nettoyage », cible le quartier indigène de Monimbo, où la population est particulièrement mobilisée contre le gouvernement. Des barricades allant jusqu’à deux mètres de haut y ont été élevées.

Au bruit des rafales, provenant des différentes entrées de la ville, s’est mêlé celui des cloches des églises afin d’alerter la population, ont raconté par téléphone des habitants à des radios de la capitale, Managua.

Six civils et quatre policiers tués depuis dimanche

Une quarantaine de pick-up avec des membres des forces antiémeutes et des paramilitaires fortement armés sont entrés au petit matin dans Masaya, à une trentaine de kilomètres de la capitale, selon des images publiées sur les réseaux sociaux.

« On nous attaque de plusieurs points d’entrée à Monimbo », a déclaré dans un message audio envoyé par la messagerie WhatsApp le dirigeant du mouvement étudiant du « 19 avril », Cristian Fajardo.

Six civils et quatre policiers ont été tués dimanche dans des opérations des forces de police et paramilitaires à Masaya et dans ses environs. La police n’a confirmé que deux morts, dont un de ses agents.

Le Nicaragua, pays le plus pauvre d’Amérique centrale, est secoué depuis trois mois par des violences. Un mouvement de protestation, dont les étudiants sont le fer de lance, a été lancé le 18 avril contre le gouvernement de Daniel Ortega, 72 ans, à la tête du Nicaragua depuis 2007, après l’avoir déjà dirigé de 1979 à 1990.

Il est accusé d’avoir mis en place avec son épouse, Rosario Murillo, qui occupe les fonctions de vice-présidente, une « dictature » marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.