Christer Björkman : « C’est une première étape pour raviver la tradition de l’Eurovision »
Christer Björkman : « C’est une première étape pour raviver la tradition de l’Eurovision »
Propos recueillis par Christine Rousseau
Membre du jury de « Destination Eurovision », le chef de la délégation suédoise salue l’initiative de France 2 de mettre en place en place une sélection nationale.
Christer Björkman, chef de la délégation suédoise et membre du jury de « Destination Eurovision ». / FRANCE 2
Grande figure de l’Eurovision, Christer Björkman a représenté la Suède en 1992, avant de diriger, en 2002, le Melodifestivalen : véritable institution, cette sélection nationale a vu émerger les gagnants de 2012 et 2015. Il a également produit le concours de l’Eurovision en Suède (2013, 2016) et en Ukraine (2017). En tant que chef de la délégation suédoise, il a été choisi pour être l’un des jurés de « Destination Eurovision ». Entretien.
Avec cette sélection nationale, jugez-vous que la France se dote des moyens pour remporter le concours ?
J’espère, et je pense, qu’il s’agit d’une première étape en vue de reconstruire et de raviver la tradition de l’Eurovision en France. L’expérience d’autres pays européens montre que, pour y parvenir, l’implication et la participation des téléspectateurs sont essentielles. Proposer une émission consacrée à la sélection ne manquera pas de stimuler l’intérêt tout en améliorant l’image du concours. Néanmoins, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faudra du temps et de la régularité. Se donner les moyens de gagner exige un investissement.
La sélection interne qui a prévalu explique-t-elle les échecs répétés de la France ?
Non, il y a d’autres facteurs. A mes yeux, « Destination Eurovision » a deux objectifs importants. Le premier est, bien sûr, de gagner de temps en temps, tout en visant toujours le top 10. Le second est de créer une plate-forme permettant de lancer de nouveaux tubes sur les marchés locaux. Si l’on s’en sert bien, l’outil est excellent. Dès que, des tubes émergeront sur le marché français grâce à ce concours, la machine se mettra en branle : les radios diffuseront les chansons, on découvrira de nouveaux artistes, des stars reconnues commenceront à s’y intéresser, des compositeurs renommés voudront y prendre part, et ainsi de suite.
Est-ce le meilleur moyen de fédérer le public autour du candidat et de l’Eurovision ?
On peut toujours créer un engouement momentané autour d’une star importante, comme Patricia Kaas en 2009, mais c’est éphémère. Il faut alors recommencer de zéro. La seule façon d’instituer un succès durable est d’instaurer une relation avec les téléspectateurs. Il faut les amener à croire au concept, gagner leur confiance, leur donner le sentiment d’être entendus et partie prenante. Créer un besoin qui se muera progressivement en tradition.
En quoi est-ce important d’adjoindre au vote du public celui d’un jury international ?
Je crois sincèrement que c’est ainsi qu’il faut procéder. C’est la méthode que nous employons en Suède, et elle a fait ses preuves. Il est en effet indispensable que votre public se reconnaisse dans la candidature. Il doit prendre part à la sélection. Mais il est tout aussi important d’être conscient que, au bout du compte, ce n’est pas le public français qui votera le soir du concours.
Quels sont les atouts de la chanson française et de ses artistes ?
La langue et un sens de l’esthétique impeccable. Le français est la plus belle langue du monde. Surtout lorsqu’elle est chantée. Elle est absolument irrésistible. Il n’est pas nécessaire de comprendre les paroles pour être sensible à l’émotion que véhicule la langue elle-même.