Le rendement moyen 2017 des contrats en euro devrait ressortir autour de 1,50% / REGIS DUVIGNAU / REUTERS

La baisse des rendements des fonds en euros n’est plus une surprise pour les épargnants qui découvrent, résignés, la performance de leur assurance vie fétiche. Le taux moyen 2017 devrait ressortir autour de 1,50 % (avant prise en compte de la CSG-CRDS qui, au passage, est passée de 15, % à 17,2 % au 1er janvier) contre 1,80 % au titre de 2016. Mais ce n’est qu’une moyenne et les disparités sont importantes.

L’érosion des rendements des fonds en euros va se poursuivre

Au regard des premiers taux annoncés, les associations d’épargnants sont une nouvelle fois performantes comme Gaipare qui délivre du 2,65 %, l’Asac-Fapes (2,58 %) ou encore l’AFER qui offre 2,4 % à ses adhérents. Les assureurs mutualistes sortent aussi du lot à l’instar de GMF (2,10 %) ou encore de la MAIF (2,05 %). En revanche, les contrats des bancassurances, qui représentent une part significative de l’épargne, sont beaucoup moins performants : 1,50 % pour ceux de la Société Générale ou encore 1,55 % pour les contrats de la Caisse d’Epargne. Et malheureusement, l’érosion des rendements des fonds en euros va se poursuivre.

La masse des obligations achetées ces dernières années, où les taux étaient très bas (l’emprunt obligataire à dix ans de la France, l’OAT, ne rapporte encore que du 0,8 % actuellement) est telle que même si les taux remontent, l’effet ne sera pas immédiatement visible pour les contrats euros. Par ailleurs, l’Autorité de contrôle prudentiel et de Résolution (ACPR) incite toujours les opérateurs à modérer les rendements offerts en mettant en réserve une partie des bénéfices.

Moins de garantie, plus de performance

Pour retrouver de la performance au sein de leur assurance vie, les épargnants se tournent progressivement vers les unités de compte comme l’attestent les chiffres de la Fédération Française de l’Assurance. En effet, de janvier à fin novembre 2017, 28 % de sommes versées sur les contrats ont été dirigées vers les unités de compte alors ce taux n’était que de 20 % pour la même période de 2016. « On peut réaliser une allocation d’actifs avec des fonds patrimoniaux, flexibles voire de l’immobilier. En diversifiant les unités de comptes et les classes d’actifs, la prise de risque se réduit considérablement » assure Philippe Parguey, associé chez Nortia.

Les fonds patrimoniaux ont en effet l’avantage de ne pas suivre un indice et sont flexibles, s’adaptant aux conditions de marché. Cette stratégie leur permet d’afficher des performances annuelles comprises entre 3 et 5 %. Une performance qui a le mérite d’être régulière, Eurose et Epargne Patrimoine affichant par exemple une progression annualisée de près de 4,9 % depuis dix ans. Quant aux SCPI (Société civile de placement immobilier) logées dans une assurance vie, elles permettent de bénéficier des rendements élevés de la pierre-papier (autour de 4 %) tout en bénéficiant d’une liquidité totale. Mais pour bien choisir, il faut s’y entendre ou avoir recours à un expert comme un conseiller en gestion de patrimoine, car les unités de compte ne ne bénéficient pas de la garantie en capital.

Une alternative, plus simple, et étudiée actuellement de près par le gouvernement, serait de limiter justement la protection des fonds euros. L’idée de ce projet de loi serait de minorer la garantie des contrats euros pour un horizon d’investissement court, et de la bonifier pour des engagements de conservation de huit à dix ans par exemple, à l’image des contrats euro-croissance qui offrent une garantie du capital à partir de huit ans.

Attention aux frais de gestion

« Plus on baisse en garantie et plus on gagne en latitude pour aller chercher de la performance », explique M. Parguey qui précise que la gamme de fonds EuroActifs#2, créée par Nortia et garantie à 98 % sert un rendement de 2,8 % au titre de 2017 grâce à sa diversification. Et ce n’est pas le seul, car tous les nouveaux fonds euros qui garantissent le capital brut de frais de gestion utilisent ce procédé. Cette petite prise de risque pour l’épargnant, son capital n’est plus garanti à 100 % mais à 99 %, si les frais de gestion sont d’un point, permet au gestionnaire de diversifier les placements et d’aller chercher de la performance… Tout comme il lui permet aussi de continuer à prélever des frais de gestion, même s’il ne fait rien gagner à son client.