Les ETF ont le vent en poupe
Les ETF ont le vent en poupe
Par Jérôme Porier
Les flux vers les Exchange traded fund (ETF) ou fonds indiciels cotés en Bourse, ces produits qui reproduisent l’évolution des actions européennes, ont été deux fois supérieurs à ceux ciblant les actions américaines.
La collecte des ETF spécialisés dans les actions européennes (ici la Bourse de Frankfort) a été deux fois plus importante que celle des produits ciblant les actions américaines / STAFF / REUTERS
Le marché mondial des ETF (« exchange traded fund » ou fonds indiciels cotés en Bourse) a bondi de 34 % en 2017, avec une collecte record de 595 milliards de dollars (480 milliards d’euros), selon Lyxor International Asset Management, qui a compilé des données de l’agence américaine Bloomberg. Egalement désignés en France (et en Italie) par l’appellation « trackers », ces produits indiciels reproduisent les évolutions d’un indice ou d’un panier d’actions. Ils sont prisés des investisseurs institutionnels, car ils leur permettent de réaliser des arbitrages à moindre coût et presque instantanément.
En Europe, la collecte nette a atteint le niveau record de 94 milliards d’euros. Les actions se taillent la part du lion (67 %) sur ce marché, avec un flux quatre fois supérieur à celui de 2016. Signe d’un début d’essoufflement de Wall Street, où la reprise a été plus précoce qu’en Europe, la collecte des ETF spécialisés dans les actions européennes a été deux fois plus importante que celle des produits ciblant les actions américaines.
Presque toutes les classes d’actifs progressent : par exemple, les entrées de capitaux ont augmenté de 97 % pour les actions asiatiques et elles ont plus que doublé pour les actions émergentes (49 milliards de dollars). Alors que les taux d’intérêt ont commencé à remonter nettement aux Etats-Unis, la croissance du segment obligataire s’est révélée plus modérée (+21 %). Dans l’obligataire, les entrées de capitaux se sont concentrées sur la dette des entreprises (49 milliards de dollars), les emprunts d’État des pays développés (20 milliards) et la dette des pays émergents (14 milliards).
Une exception : la collecte des ETF matières premières a chuté à l’échelle mondiale, passant de 10 milliards de dollars en 2016 à moins de 4 milliards en 2017. Un repli qui s’explique principalement par la décrue du segment des métaux précieux.
Un « effet Macron » sur les ETF
« Les flux à destination des ETF actions françaises ont culminé à 1 milliard d’euros sous l’effet des politiques et des réformes mises en œuvre par Emmanuel Macron », déclare Marlène Hassine Konqui, responsable de la recherche ETF chez Lyxor. Les produits centrés sur le secteur financier européen ont aussi établi des records, à l’instar des ETF investis en valeurs décotées et en petites et moyennes capitalisations (respectivement 3 milliards et 6 milliards d’euros de collecte).
Après une décrue de 7 milliards d’euros en 2016, les actions européennes ont été plébiscitées par les investisseurs, avec des entrées de capitaux à hauteur de 23 milliards d’euros en 2017. Ce chiffre demeure toutefois en retrait de 39 % par rapport aux sommets de 2015. Sur les indices larges (CAC 40, Footsie 100, Dax 30…), la collecte a été inférieure de 11 milliards d’euros à celle de 2015 et le même constat peut être dressé pour les flux sur les produits centrés sur un pays unique, qui ont reculé de 6 milliards d’euros. « Ce ralentissement peut s’expliquer par une certaine méfiance quant à la vigueur de la reprise, conjuguée aux incertitudes politiques en Allemagne, en Italie et en Grande-Bretagne », estime Mme Konqui.
En 2017, les flux en faveur de la gestion passive ont atteint 890 milliards de dollars (+42 %), dépassant ceux captés par la gestion active, à 766 milliards de dollars. La gestion active a pour objectif de battre un indice de référence, alors que la gestion passive ou indicielle cherche à en répliquer fidèlement les performances.