Christophe Lemaitre – ici à Bordeaux le 18 février 2017 –, est en forme avant de disputer le meeting indoor de Paris. / THIBAUD MORITZ / AFP

Paris est sous la neige mais les athlètes du meeting de Paris seront à l’abri, puisqu’ils ont rendez-vous mercredi 7 février à l’ancien Palais omnisports de Paris-Bercy. Si le champion du monde du décathlon, le Français Kévin Mayer, s’aligne sur un triathlon (lancer de poids, saut en longueur et 60 m haies), la soirée de deux heures se clôturera avec les deux finales du 60 m féminin et masculin.

L’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou, double vice-championne du monde du 100 et du 200 mètres, et le Français, Christophe Lemaitre, revenu sur le devant de la scène par la grâce d’une médaille de bronze aux JO de Rio, en seront les principales têtes d’affiche. Le Monde les a rencontrés la veille du meeting.

  • Lemaitre prépare les championnats d’Europe

Christophe Lemaitre est-il en train de rajeunir ? Le 3 février dernier, il s’est imposé sur le 60 m du meeting de Mondeville en 6 s 57, soit à seulement deux centièmes de son record personnel réalisé en 2010. Pourtant, le médaillé olympique du 200 m à Rio en 2016 n’est pas étonné par sa belle performance : « Ce n’est pas tant surprenant que ça. Je sais que je suis capable de ce genre de chrono. J’ai eu une préparation sans pépins avec de très bonnes sensations. »

Encore plus que le résultat qui l’a vu dominer son rival Jimmy Vicaut, c’est surtout la manière qui rend le grand blond optimiste. « Le 60 m n’est pas ma spécialité, car cela demande une mise en route immédiate et peu de fautes techniques. A Mondeville, j’ai réussi à mettre en place ma technique », dit, satisfait, celui qui achèvera sa courte saison hivernale lors des championnats de France, à Liévin (17 et 18 février).

« Je reste moi-même et les gens aiment ça »

Car le Haut-Savoyard est déjà entièrement tourné vers son objectif principal, les championnats d’Europe de Berlin (7 au 12 août). Huit ans après son éclosion détonante à Barcelone, où il avait raflé les trois titres des courses sur lesquelles il s’alignait, Lemaitre, « boosté moralement par Rio », a retrouvé la même ambition : « Je veux aller chercher une médaille sur 100, 200 et 4 × 100 m. Si possible en or. Au vu de la grosse concurrence, il faudra être vraiment à un bon niveau et éviter les blessures. J’essaie d’être à l’écoute de mon corps… »

Sprinteur précoce, sur les podiums internationaux à l’âge de 20 ans, longtemps réservé et peu à l’aise dans sa communication, Christophe Lemaitre savoure son statut de chouchou du public. « Je ressens la reconnaissance et le soutien du public. Mes performances m’ont fait connaître, mais ce que les gens regardent aussi c’est ma personnalité. Je ne cours pas après la popularité. Je reste moi-même et on aime ça. C’est cool ! », livre l’athlète de 27 ans, plus épanoui que jamais.

Une nouvelle victoire à Paris, ainsi qu’une bonne performance lors des championnats de France, serait un bon indicateur d’une future saison estivale réussie : « Lors de mes grandes années, en 2010, 2011 et 2012, quand j’étais bon en salle, je l’étais aussi généralement sur 100 et 200 m… »

  • Ta Lou, en quête d’un nouveau départ

Marie-Josée Ta Lou lors des 11e Jeux d’Afrique, à Brazzaville, au Congo, en 2015. / MONIRUL BHUIYAN / AFP

Longtemps restée dans l’ombre de sa compatriote Murielle Ahouré, double médaillée d’argent mondiale en 2013, Marie-José Ta Lou a atteint sa maturité sportive sur le tard. A Rio, elle échouait par deux fois au pied du podium. A Londres cet été, elle imitait la performance réalisée par Ahouré quatre ans plus tôt à Moscou.

Au moment où les footballeurs ivoiriens sont en pleine déconfiture, élimination au premier tour de la dernière CAN et sortis sans gloire des qualifications au Mondial 2018, ses belles médailles ont changé son statut au pays. « Je ne me considère pas comme une star, mais c’est quand même un gros truc : “Ah, c’est elle qui a été vice-championne et qui a raté l’or de peu.” Les gens ont beaucoup misé sur le foot et ils ont eu beaucoup de déceptions. Ils ont vu qu’avec peu de moyens, on arrive à faire de belles choses, déclare la sprinteuse de 29 ans. C’est quand même extraordinaire de voir des personnes qui te soutiennent, prennent des photos et te disent qu’elles vont prier pour toi. »

« J’ai toujours été rapide »

Originaire du quartier de Koumassi, à Abidjan, la jeune femme a commencé par le football, qu’elle pratiquait avec les garçons. Elle n’est venue à l’athlétisme que sur le tard, à l’âge de 17 ans, après qu’un de ses camarades de classe, fils de son premier entraîneur, l’a entraînée à une détection : « Je voulais me démarquer des autres filles en jouant au foot, mais j’ai toujours été rapide et j’aimais courir. Si j’avais connu l’athlétisme plus tôt, aujourd’hui je serais une athlète encore plus grande. Disons que je serais connue depuis fort longtemps. »

Pas réputée pour être une coureuse de 60 m, Marie-Josée Ta Lou vise les championnats d’Afrique, en août, au Nigeria. Mais les meetings indoor, dont celui de Paris, sont une belle répétition pour corriger l’un de ses points faibles : le départ. « J’ai une marge de progression en ce domaine. Je ressens trop le stress du faux départ, qui est directement éliminatoire. C’est dans la tête et je le travaille avec mon coach », confie la championne ivoirienne.