Le Suédois Zlatan Ibrahimovic, le 22 juin, à Nice. | JONATHAN NACKSTRAND / AFP

La Belgique a dû attendre la 84e minute et un exceptionnel but de son milieu de terrain Radja Nainggolan pour faire craquer la Suède, mercredi 22 juin à Nice (1-0). Sa victoire, dans une rencontre très offensive, lui ouvre les portes des huitièmes de finale, qu’elle disputera contre la Hongrie et met fin à l’espoir de Zlatan Ibrahimovic, à qui un but a été refusé, de franchir la phase de groupes.

Comme à Lille et à Marseille, le terrain de l’Allianz Riviera, changé avant l’Euro à la demande de l’UEFA, affiche des faiblesses avant ce Belgique-Suède aux lourds enjeux. Mité par endroits, rapé devant les buts et les surfaces, il semble, en plus, avoir souffert de la lourde chaleur de la journée. On l’arrose un peu mais l’effet n’est pas parfait. Dans les tribunes, ce dernier match du groupe E est sûrement l’un des plus détendus de l’Euro. Cornes de diables – rouges - contre cornes de vikings, le combat ne se joue pas au tour de biceps mais à la bonne humeur.

Marc Wilmots, le sélectionneur belge, a-t-il trouvé sa formule en écartant la plus belle touffe de cheveux de l’Euro ? Marouane Fellaini, remplaçant contre l’Irlande après sa mauvaise performance dans la défaite inaugurale face aux Italiens (0-2), traine sa déception jusqu’au banc. Wilmots lui préfère les tatouages fulgurants et la crête peroxydée de Radja Nainggolan, et le dynamisme de l’ex-Monégasque Yannick Carrasco, titularisé sur le flanc droit de l’attaque. Un duo qui lui permet de replacer sa perle flamande, Kevin De Bruyne, en meneur de jeu axial, et d’améliorer, dans cette position, sa complémentarité avec l’autre génie belge, Eden Hazard. L’idée a du bon, on le saura bien plus tard.

Mais dès la 3e minute, elle montre ses bons côtés. Carrasco récupère le ballon dans les pieds de deux Suédois, donne à De Bruyne, qui ouvre pour Hazard. Au bout de la combinaison, le tir de Witsel est contré. Côté suédois, si Zlatan Ibrahimovic, capitaine, est attendu par le peuple jaune et bleu qui occupe un bon quart de l’Allianz Riviera, c’est Mark Berg, de retour dans l’équipe après avoir été écarté contre l’Italie, qui se créé la première occasion. Et quelle occasion. Un coup-franc de l’ancien Rennais Kallstrom tombe au cœur de la surface belge, Berg surgit dans le cafouillage mais sa reprise rebondit sur Thibaut Courtois, le gardien belge exceptionnel sur le coup (5e).

Accent belge

Toute la première période se jouera sur le même tempo. Beaucoup d’occasions, de combinaisons, du beau football et quatorze tirs en quarante-cinq minutes. Ne manque que les buts, dans un groupe E où l’on en marque deux par match depuis le début de l’Euro.
De Bruyne et Hazard, qui ce soir ont décidé de jouer ensemble pour le plus grand bonheur de leur sélectionneur, torturent les Suédois. Le premier en efface trois avant de glisser à Lukaku dont la frappe est déviée (6e). Le second tire un corner que Witsel dévie de la tête sans qu’aucun diable rouge – en bleu pâle ce soir - ne reprenne le ballon (7e).

La Belgique est la plus dangereuse, mais la Suède joue aussi pour marquer. Son public pousse très fort derrière Ibrahimovic quand celui-ci tente de devancer Vermaelen à la course… Peine perdue, le Barcelonais reste le plus rapide. A la 21e, Forsberg qui vient de remonter le ballon sur 30 mètres, le cède à Ibra, comme on laisse sa place à son patron dans l’ascenseur. Zlatan relève son ballon et frappe, mais Alderweireld met son corps en opposition. Ibrahimovic n’a pas chanté l’hymne suédois avant le coup d’envoi, mais il affiche son regard de feu pour ce match qui pourrait bien être son dernier sous le maillot national. Sa pression pèse de plus en plus sur les défenseurs centraux belges. Sur une remise de Berg, il frappe encore à côté (26e). Puis, d’un coup d’épaule, déplace d’un bon mètre le pourtant solide Vertonghen, mais finit par être contré.

La fin de la première période prend totalement l’accent belge, sous l’impulsion du duo Hazard-De Bruyne. Ce dernier glace la Suède en débordant sur le côté gauche avant de frapper juste à côté des buts d’Isaksson. A la 33e, Hazard récupère devant sa surface, sert son nouvel ami qui part encore en chevauchée fantastique. Ekdal déstabilise De Bruyne au moment où il s’apprête à lancer Carrasco vers le but. Carton jaune pour le Suédois mais occasion avortée. Granqvist est là aussi pour gêner Lukaku sur un centre du même De Bruyne, presque aussi virevoltant que sous les couleurs – semblables - de Manchester City.
Preuve de l’entente cordiale entre les deux meneurs belges, leur combinaison sur un corner à la 44e minute. Le centre de De Bruyne, après remise de Hazard, est repris juste à côté par Thomas Meunier, le latéral de Bruges que la presse envoie depuis peu au Paris-Saint-Germain.

La perspective d’une retraite anticipée d’Ibrahimovic dope-t-elle le retour suédois ? Les consignes de Marc Wilmots – « couper les lignes de passes pour Ibra » - semblent avoir été oubliées au vestiaire côté belge. Un centre lointain de Källström trouve ainsi la « légende » du Paris Saint-Germain qui survole les Belges de la tête, mais rate le cadre (51e). Quelques minutes plus tard, Zlatan se met en situation de tir mais cafouille sa frappe.
A la 62e minute, le côté suédois de l’Allianz Riviera exulte. Sur une remise de Berg, Ibrahimovic précède Vertonghen dans son style acrobatique, façon kung-fu. Bras en croix, Zlatan célèbre déjà son but quand Felix Brych, l’arbitre allemand, l’annule. Pied levé trop haut ? Hors jeu ? Dans les tribunes, on s’interroge.

Intouchable

Marc Wilmots saute de son banc pour demander à son équipe de jouer de manière plus compacte. La Suède profite à plein des espaces que le milieu de terrain belge offre. Carrasco, usé, en fait les frais et laisse sa place à Dries Mertens pour les 20 dernières minutes.
Le changement replace la Belgique dans son match. Mais Lukaku lancé comme un express par Nainggolan ne parvient pas à piquer son ballon au-dessus d’Isaksson (72e). Une minute plus tard, reparti dans les mêmes conditions, l’attaquant d’Everton marque enfin… Mais est signalé hors-jeu par M.Brych.

Le K.O. plane. Zlatan obtient un bon coup-franc à 35 mètres des buts belges. Dans cette position, il a marqué un bon paquet de fois depuis qu’il est arrivé en Ligue 1. Mais Thibaut Courtois évolue, lui, en Premier League. Et le gardien de Chelsea se couche au bon moment pour détourner la frappe du Suédois. En pivot, Lukaku loupe encore le cadre et Mertens hurle à son tour sa frustration, quand Isaksson détourne sa superbe frappe en corner (80e). Alors qu’une tête de Granqvist est sauvée sur sa ligne par le défenseur belge Meunier, le malheur va s’abattre sur la Suède. Lukaku lance Hazard en contre. L’attaquant de Chelsea temporise étrangement, déborde puis semble rater son centre… A la réception, Naingollan sait pourtant très bien quoi faire de ce ballon bizarre. Le joueur de l’AS Roma déclenche une frappe à la trajectoire intouchable pour le malheureux Isaksson (1-0, 84e).

Zlatan s’offre une dernière occasion. Contrôle de la poitrine au-dessus d’Alderweireld puis reprise, jambe tendue. Le ballon passe à côté. La Suède est éliminée et sort de l’Euro sans avoir Zlatanné quiconque.