Au sein de l’association des proviseurs de lycées à classes prépa, son discours détonne. Plus préoccupé que ses homologues par l’évaporation soudaine d’élèves admis en prépas, Patrick Fournié, proviseur du lycée Lakanal, à Sceaux (Hauts-de-Seine), met les bouchées doubles pour éteindre ces signaux faibles qui écornent le prestige des prépas. « C’est un sujet sensible que je prends très au sérieux », dit-il.

A ses yeux, « c’est la pression parentale et celle du système scolaire qui font envisager aux jeunes des études postbac différentes ». Cours de soutien au lycée, coaching, séjours linguistiques… « Beaucoup d’élèves ont vécu avant l’heure le rythme d’une prépa, et ils en ont assez », assène-t-il.

Afin de capter les meilleurs élèves en amont, le proviseur de Lakanal dispose d’un chargé de mission international, qui parcourt le monde pour défendre les couleurs des prépas tricolores auprès des enfants de diplomates et d’expatriés scolarisés dans les lycées français à l’étranger.

Attractivité de la vie scolaire

Organisés au sein même des établissements, les forums sur l’orientation grouillent d’opérateurs anglo-saxons, français ou du pays d’accueil, recrutant après le bac. « Pour ces élèves-là, le marché de l’éducation est déjà mondialisé. Partir ne leur fait pas peur, et ils ne connaissent aucune problématique financière. Ils se retrouvent avec le monde entier devant eux, rapporte le chargé de mission, Guillaume Vincenot, professeur et responsable des relations internationales au lycée Lakanal. Les classes prépa, c’était prestigieux, mais les élèves d’aujourd’hui ne sont plus dans cette dynamique. Ils se demandent quelles activités sont prévues et quelles associations existent. C’est une vision américaine des études. Laquelle n’est pas du tout en phase avec notre propos et l’ambition intellectuelle que l’on propose en prépa. »

Et « les concurrents », dit-il, l’ont bien compris, qui présentent des plaquettes promotionnelles et des vidéos sur le week-end d’intégration, les installations sportives, les voyages… « C’est un discours marqueté sur le bien-être. Ces organismes ne jouent que sur l’attractivité de la vie scolaire », décrypte Guillaume Vincenot.

En guise de contre-attaque, l’émissaire de Lakanal ne parle plus aux élèves de « khôlles », mais de sessions de « coaching individualisé », lors desquelles des professeurs qualifiés sont à la disposition des élèves pour leur montrer la méthodologie à suivre et les techniques à mobiliser. « C’est d’ailleurs ça, la réalité d’une classe prépa !, s’amuse-t-il. Nous avons pris conscience qu’on n’emploie pas les bons mots, car la communication et le marketing ne sont pas dans notre ADN. »